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La MINUSTAH forme des policiers haïtiens à un meilleur suivi des violences faites aux femmes

"Protéger et servir",  devise de la police haïtienne.
ONU/Logan Abassi (Photo d'archive)
"Protéger et servir", devise de la police haïtienne.

La MINUSTAH forme des policiers haïtiens à un meilleur suivi des violences faites aux femmes

« À ma connaissance, il ne se passe pas à Jacmel une semaine sans que l'on ne reçoive des lettres de plaintes pour des cas de violence contre des femmes », affirme la coordonnatrice départementale du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme, Jeudanie Samedi Guilloteau. « Mais les cas non déclarés sont encore plus nombreux ».

C'est pourquoi cette responsable haïtienne plaide pour la sensibilisation et l'éducation civique à travers tout le département du Sud-Est, dont Jacmel est le chef-lieu. « Rendre plus performants les policiers et enquêteurs, c'est une initiative très louable, mais les doter de moyens adéquats pour faire leur travail reste un pas important à franchir », souligne-t-elle.

À Jacmel, le bureau du Service Départemental de la Police Judiciaire (SDPJ) traite chaque mois en moyenne plus de 70 cas, mais bon nombre d'entre eux restent lettre morte, soit par manque d'effectifs, soit parce que la complexité des affaires ne permet pas de déférer les dossiers à temps.

Le 3 octobre dernier, le Représentant spécial du Secrétaire général pour Haïti et chef de la MINUSTAH, Mariano Fernández Amunátegui, avait indiqué au Conseil de sécurité que la poursuite du renforcement de la Police nationale haïtienne était cruciale pour le redressement du pays.

L'adoption par le gouvernement de Michel Martelly d'un plan quinquennal pour parvenir d'ici à 2016 à une force de 15.000 hommes et femmes constituait selon lui une étape importante. Toutefois, la résolution adoptée le 12 octobre par le Conseil souligne la nécessité pour le gouvernement et les donateurs « de prêter le concours budgétaire requis » à cette fin.

Dans le cadre de leur mandat, le bureau de la Police des Nations Unies (UNPol) pour le renforcement des capacités et le développement, en appui à la Police Nationale d'Haïti, vient de lancer une formation théorique et pratique sur les violences basées sur le genre, qui vise à faciliter un meilleur suivi des dossiers judiciaires des plaignantes.

Cette formation porte notamment sur la gestion et la résolution de conflits, l'étude des dossiers et leur suivi médical, la protection de l'identité des victimes et enfin l'enquête de proximité et le classement de la documentation. Elle entre dans le cadre d'un projet-pilote financé par la MINUSTAH et mis en œuvre par des formateurs de l'UNPol, assistés d'instructeurs haïtiens.

« Les policiers sont des ambassadeurs du changement et ont pour mission d'accompagner les institutions qui travaillent contre les violences faites aux femmes pour aider à enrayer ce phénomène », explique la responsable de cette formation, Sonia Hamer.

Une partie des plaintes déposées dans les bureaux de police ne sont pas traitées parce que les victimes refusent de coopérer ou abandonnent au cours de l'enquête, bien avant le procès, souligne de son côté Jean-Baptiste Agounabome, chargé des questions de Genre au bureau de l'UNPol à Jacmel.

« Pour décourager les auteurs d'infractions, la justice doit sévir contre les coupables », insiste-t-il.

Une fois formés, les policiers haïtiens dispenseront eux-mêmes cette formation auprès de leurs pairs basés dans les différents bureaux de police du département du Sud-Est.

La MINUSTAH a été créée en 2004, après le départ du président Jean-Bertrand Aristide, avec pour mandat notamment d'assurer un environnement sûr et stable dans le pays, d'aider à surveiller, restructurer et réformer la police nationale d'Haïti, de mettre en œuvre des programmes durables de désarmement, de démobilisation et de réintégration et de favoriser le rétablissement et le maintien de l'état de droit, de la sécurité et de l'ordre public en Haïti. Le 12 octobre dernier, son mandat a été prorogé d'un an.