Des experts de l'ONU souhaitent pénaliser le mariage précoce forcé en tant que forme d'esclavage
« Les filles qui sont forcées à se marier sont vouées à une vie qui s'apparente à de l'esclavage. Les filles qui sont victimes de mariages serviles sont soumises à la servitude domestique, à l'esclavage sexuel et à des violations de leur droit à l'éducation et de leur intégrité physique et morale », ont affirmé les experts dans une déclaration commune à la presse.
Le phénomène des mariages précoces transcende les cultures, les pays, les religions et les groupes ethniques. En Asie du sud, 46% des filles sont mariées avant l'âge de 18 ans, 38% en Afrique subsaharienne, 29% en Amérique latine et dans les Caraïbes, 18% au Moyen-Orient et en Afrique du nord. Cela se produit également dans certaines communautés d'Europe et d'Amérique du nord.
Le mariage précoce est une violation de l'ensemble des droits des enfants, puisque cela les oblige à assumer des responsabilités auxquelles ils ne sont pas prêts, tant au niveau physique que psychologique. Le phénomène expose les jeunes filles au risque de grossesses précoces, ce qui met en danger leur santé.
Un grand nombre d'instruments légaux internationaux reconnaissent le droit à chaque personne de choisir ou de consentir librement au mariage. La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes stipule que le mariage d'un enfant n'a aucune valeur légale et la Convention des droits des enfants oblige les États à prendre des mesures pour abolir cette pratique.
« En cette première Journée internationale de la fille, nous exhortons tous les États à revoir à la hausse l'âge légal du mariage pour assurer qu'il soit de 18 ans au minimum pour les filles et les garçons sans exceptions, et nous demandons l'adoption de mesures urgentes pour empêcher le mariage précoce », ont déclaré les experts de l'ONU.
« Comme toutes les formes d'esclavage, les mariages précoces forcés devraient être considérés comme un crime. Leur justification est irrecevable, que ce soit pour des raisons religieuses, traditionnelles, culturelles ou économiques », ont-ils ajouté.
Cependant, une approche se basant uniquement sur la menace de sanctions est, selon les experts, insuffisante pour combattre de façon efficace les mariages précoces. Il faut également faire un effort de sensibilisation à la nocivité du phénomène et lancer des programmes qui permettent de détecter, conseiller, réhabiliter et, lorsque cela s'avère nécessaire, abriter les victimes.
« Nous rappelons aux États qu'ils ont l'obligation de promouvoir et de protéger les droits des filles et que, selon le droit international, les pratiques nuisibles aux filles, dont le mariage précoce, doivent être arrêtées », ont rappelé les experts.