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Dilma Rousseff (Brésil): Diplomatie et dialogue, seules options possibles pour résoudre le conflit syrien

La Présidente du Brésil, Dilma Rousseff, s'adresse à l'Assemblée générale de l'ONU, le 25 septembre 2012.
ONU/Marco Castro
La Présidente du Brésil, Dilma Rousseff, s'adresse à l'Assemblée générale de l'ONU, le 25 septembre 2012.

Dilma Rousseff (Brésil): Diplomatie et dialogue, seules options possibles pour résoudre le conflit syrien

La Présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a affirmé mardi que diplomatie et dialogue étaient les seules options possibles pour résoudre le sanglant conflit en cours en Syrie, appelant les deux camps à déposer les armes et à adhérer aux efforts de médiation entrepris par l'ONU et la Ligue des États arabes.

« Il n'y a pas de solution militaire à la crise syrienne. Diplomatie et dialogue ne sont pas seulement notre meilleure option, c'est la seule possible », a déclaré Mme Rousseff dans son discours devant l'Assemblée générale de l'ONU, dont le thème cette année est l'ajustement ou le règlement des situations et des différends internationaux par des moyens pacifiques.

Le Brésil « condamne dans les termes les plus vigoureux la violence qui continue à coûter des vies dans ce pays. On assiste à une tragédie humanitaire généralisée sur le territoire de la Syrie et de ses voisins », a-t-elle déploré.

Selon Mme Rousseff, « le gouvernement de Damas porte l'essentiel de la responsabilité dans le cycle de violences dont est victime une grande partie de la population civile, notamment des femmes, des enfants et des jeunes. » Mais, a-t-elle ajouté, « nous sommes également conscients des responsabilités des groupes armés d'opposition, en particulier de ceux qui bénéficient de plus en plus d'un appui militaire et logistique étranger ».

« En tant que Présidente d'un pays où vivent des millions de personnes d'origine syrienne, j'appelle les parties au conflit à déposer les armes et à se joindre aux efforts de médiation entrepris par l'Emissaire spécial de l'ONU et de la Ligue des États arabes», a-t-elle dit.

Le Brésil « rejette avec véhémence l'escalade des préjugés islamophobes dans les pays occidentaux », a par ailleurs affirmé Mme Rousseff. « Avec la même véhémence, nous rejetons les actes terroristes ayant coûté la vie à des diplomates américains en Libye », a-t-elle ajouté.

Mme Rousseff a ensuite jugé urgent d'entreprendre la réforme institutionnelle des Nations Unies, en particulier celle du Conseil de sécurité. « Nous ne pouvons pas permettre que le Conseil soit remplacé, comme cela a été le cas, par des coalitions constituées sans son accord», a-t-elle insisté, soulignant que le recours à la force sans l'autorisation du Conseil était illégal. La responsabilité de protéger doit, selon elle, être complétée par « la responsabilité tout en protégeant ».

La grave crise économique qui a commencé en 2008 a pris de nouvelles formes préoccupantes, a en outre déploré Mme Rousseff. « Le choix de politiques fiscales orthodoxes a aggravé la récession dans les économies développées, avec les répercussions que l'on connaît dans les pays émergents » et selon elle, « il n'y aura pas de réponse efficace à la crise sans une meilleure coordination entre les Etats Membres de l'ONU et les organismes multilatéraux comme le G20, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. » Pour sa part, a-t-elle souligné, « le Brésil a adopté des politiques économiques prudentes, réduit sa dette publique et, grâce à des mesures sociales innovantes, sorti 40 millions de personnes de la pauvreté. »

Le Brésil a rejeté l'idée selon laquelle les mesures visant à stimuler la croissance sont incompatibles avec les plans d'austérité, a poursuivi la Présidente. « C'est un faux dilemme ». L'histoire a montré que l'austérité, quand elle est exagérée et isolée de la croissance, ne marche pas. Tout en contrôlant son inflation, le Brésil a agi vigoureusement en faveur de l'intégration sociale et de l'élimination de la pauvreté, a-t-elle insisté.

« C'est de nouveau une voix de femme qui ouvre le débat de l'Assemblée générale, a également relevé Mme Rousseff. Elle a plaidé pour que les femmes sur Terre soient à l'abri de toute forme de discrimination et de violence, capables de s'émanciper et, partant, de contribuer à l'émancipation de tous.

« Le multilatéralisme est plus fort après Rio+20 », a-t-elle fait remarquer enfin. Le Gouvernement brésilien s'est notamment engagé à contrôler ses émissions de gaz à effet de serre et à combattre la déforestation de la forêt amazonienne. Mme Rousseff a souhaité que les pays ayant une responsabilité historique plus importante dans le changement climatique honorent leurs obligations vis-à-vis de la communauté internationale.

Le Brésil continue à œuvrer avec ses voisins pour construire un environnement de démocratie, de paix, de prospérité et de justice sociale, a assuré la Présidente. De grands progrès ont été accomplis pour intégrer la région d'Amérique latine et des Caraïbes. « L'état de droit réalisé pour renverser les régimes autoritaires est préservé et renforcé », s'est elle félicitée. Elle a réaffirmé son engagement pour une région exempte d'armes de destruction massive et a souhaité que soit levé l'embargo imposé par les États-Unis à Cuba, « un anachronisme que condamne l'immense majorité des Etats Membres de l'ONU ».