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RDC : l'ONU alarmée par les tueries dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la RDC, Roger Meece, sur le slignes de défense de la MONUSCO à Kibati et Kibumba, près de Goma, le 13 juillet 2012. Photo MONUSCO/Sylvain Liechti
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la RDC, Roger Meece, sur le slignes de défense de la MONUSCO à Kibati et Kibumba, près de Goma, le 13 juillet 2012. Photo MONUSCO/Sylvain Liechti

RDC : l'ONU alarmée par les tueries dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), Roger Meece, a exprimé mercredi sa profonde préoccupation devant les informations faisant état de nouveaux massacres de civils dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, au début du mois d'août – les derniers d'une série d'attaques violentes perpétrées par des groupes armés ciblant systématiquement la population civile.

« La détérioration de la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu, suite à la mutinerie du M23 et aux attaques impitoyables contre les civils qui y sont liées, est extrêmement alarmante, » a déclaré M. Meece dans un communiqué de presse.

Suite à quatre missions effectuées dans cette zone affectée et difficile d'accès et aux dizaines d'entretiens avec des victimes et des témoins, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme en RDC (BCNUDH) a documenté plus de 45 attaques d'environ 30 villes et villages depuis mai dans les groupements Ufamandu I et II, territoire de Masisi.

Certaines de ces attaques auraient été commises par le groupe armé Raïa Mutomboki et d'autres par les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), parfois en coalition avec le groupe armé Nyatura. Le bilan fait état de violations graves des droits de l'homme, dont des massacres de civils et des destructions et pillages d'habitations et de biens, ainsi que le déplacement massif de milliers de civils.

« Des allégations portant sur plusieurs centaines de morts sont en cours de vérification » a déclaré de son côté la Haut-commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay. « Néanmoins, des rapports préliminaires suggèrent qu'un nombre important de personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, auraient été massacrés. La brutalité même de ces tueries dépasse l'entendement. Dans certains cas, les attaques contre des civils pourraient constituer des crimes contre l'humanité. »

Les attaques de villages par les Raïa Mutomboki et les FDLR ont eu lieu suite à l'augmentation de vides sécuritaires exacerbés par les désertions de l'armée en avril, suivies de la création du nouveau groupe armé M23 et du redéploiement de certaines unités de l'armée congolaise (FARDC) pour contenir ce dernier. De nombreux groupes armés ont profité de cette situation pour agrandir leur zone d'influence, souvent en menant simultanément des attaques brutales contre les civils.

Affirmant protéger les populations locales contre les FDLR majoritairement Hutu, les Raïa Mutomboki visent des civils de l'ethnie Hutu qu'ils considèrent comme des étrangers et des alliés du FDLR. En retour, les FDLR exercent des représailles contre les populations civiles qu'ils croient être associés aux Raïa Mutomboki.

Mme Pillay a appelé tous les groupes armés à cesser immédiatement les attaques contre les civils, notant les conséquences possibles pour les personnes responsables de telles attaques, se référant à la récente condamnation par la Cour pénale internationale de l'ex-chef rebelle Thomas Lubanga.