L'actualité mondiale Un regard humain

Myanmar : Pillay préoccupée par les violences dans l'état de Rakhine

Deux hommes assis dans les décombres de leurs maisons à Sittwe, la capitale de l'état de Rakhine au Myanmar.
IRIN/Khine Thurein
Deux hommes assis dans les décombres de leurs maisons à Sittwe, la capitale de l'état de Rakhine au Myanmar.

Myanmar : Pillay préoccupée par les violences dans l'état de Rakhine

La Haut Commissaire Pillay est préoccupée par les violations des droits de l'homme dans l'état de Rakhine, secoué par des violences entre Bouddhistes et Musulmans.

La Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme, Navi Pillay, a exprimé vendredi sa profonde préoccupation devant les violations répétées des droits de l'homme dans l'état de Rakhine, secoué par des violences interconfessionnelles entre Bouddhistes et Musulmans. Elle demande l'ouverture immédiate d'une enquête indépendante.

Le début de ces affrontements remonte au 28 mai dernier, lorsqu'une femme a été retrouvée morte après avoir été violée. Quelques jours après ce crime, 10 musulmans ont été lynchés par une foule non-identifiée. Près de 70.000 personnes ont été déplacées par les violences qui se sont ensuivies. Estimé à 78 morts, le bilan pourrait être plus lourd.

D'après des informations émanant de sources indépendantes, il semblerait que la réponse des autorités se soit transformée en une répression contre les musulmans, en particulier des membres de la communauté Rohingya.

Pour Mme Pillay, la crise ne fait que souligner la discrimination systématique contre les membres de cette communauté, qui n'est pas reconnue par l'État, et sont donc apatrides.

« Le gouvernement a la responsabilité de prévenir et punir les actes violents, quelle que soient les appartenances ethniques ou religieuses, dans le respect de l'état de droit », a rappelé la Haut Commissaire, condamnant la rhétorique dénigrante employée contre les Rohingya par les médias d'état, mais aussi certains médias indépendants et utilisateurs de réseaux sociaux.

Elle a cependant pris note de l'engagement du gouvernement d'ouvrir une enquête et de la mission d'établissement des faits récemment dépêchée par la Commission des droits de l'homme du Myanmar.

« Je salue également la décision du gouvernement de permettre au Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Myanmar de se rendre dans l'état du Rakhine dans le cadre de sa mission, qui débutera la semaine prochaine. »

« Il est important que toutes les communautés concernées au Rakhine soient en mesures de dialoguer librement avec le Rapporteur spécial », a poursuivi Mme Pillay. Mais si ce dernier procèdera à une évaluation préliminaire de la situation au cours de son déplacement dans la région, qui durera une journée, cela ne remplacera pas une enquête de fond indépendante sur ce qui s'est passé, a-t-elle ajouté.

La Haut Commissaire a également appelé tous les dirigeants nationaux à condamner la discrimination, l'exclusion des minorités et les comportements racistes, ainsi qu'à soutenir les droits égaux pour tous au Myanmar, soulignant que les Nations Unies s'efforcent de protéger et de prêter assistance à toutes les communautés dans l'état de Rakhine.

Ainsi, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a réussi à fournir des articles de première nécessité à plus de 30.000 personnes touchées par les violences. Environ 80.000 ont été déplacées à l'extérieur des villes de Sittwe et Maungdaw, la plupart vivant dans des camps.

Les personnels du HCR ont distribué jusqu'à présent près de 6.000 kits de secours aux familles, ainsi que près de 400 tentes. Le HCR s'apprêter également à faire livrer aujourd'hui, par voie aérienne, 700 tentes supplémentaires et autant de toiles de bâches, offertes par le gouvernement de la République de Corée. Deux autres vols auront lieu ce weekend.