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« Toute attaque contre un journaliste est une attaque contre la démocratie. »

Des journalistes de presse couvrant une situation de conflit armé.
Des journalistes de presse couvrant une situation de conflit armé.

« Toute attaque contre un journaliste est une attaque contre la démocratie. »

Deux Rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont demandé d'une seule voix jeudi à la communauté internationale, aux gouvernements, mais aussi aux organisations des médias d'agir de manière décisive pour protéger la vie des journalistes et la liberté d'expression des médias, affirmant que « toute attaque contre un journaliste est une attaque contre la démocratie ».

Dans deux rapports transmis aujourd'hui au Conseil des droits de l'homme, Franck La Rue, le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, et Christof Heyns, le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, dénoncent le nombre inacceptable d'attaques perpétrées contre les journalistes à travers le monde, qui prennent la forme d'arrestations arbitraires, d'actes tortures, d'assassinats, mais aussi de violences sexuelles lorsqu'il s'agit de femmes.

Dans son rapport, M. La Rue fait en particulier référence à la répression continue qui s'exerce contre les journalistes et la liberté de la presse dans le monde, tactique qui vise à supprimer les informations jugées gênantes et à renforcer les restrictions à l'encontre de ceux qui disséminent des informations sur l'Internet.

Les états continuent d'invoquer des lois scélérates contre la diffamation ou au nom de la sécurité nationale et de la lutte antiterroriste pour mettre fin aux opinions dissidentes et aux critiques, en particulier lorsqu'elles portent sur les politiques gouvernementales, les violations des droits de l'homme et les allégations de corruption, indique M. La Rue. « Un harcèlement judiciaire de cette nature entraine un climat de peur et encourage l'autocensure », fait-il observer.

Alors que la mort ou les souffrances de journalistes étrangers couvrant des situations de conflit armé suscite souvent l'émotion, a-t-il ajouté, ce sont les journalistes locaux qui font quotidiennement face aux plus grands risques de violations de leurs droits dans des situations qui ne relèvent pas de la qualification de conflits armés, mais sont caractérisés par la violence, l'absence d'état de droit ou la répression.

De son côté, le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns, a souligné que l'impunité est une cause majeure, sinon la cause principale, des nombreux assassinats de journalistes commis chaque année. « Les pays où le plus grand nombre de journalistes sont tués chaque année sont, sans exception, ceux où règne l'impunité la plus totale », accuse-t-il dans son propre rapport.

Alors que le cadre juridique international prévoit des normes de protection pour les journalistes, le principal défi repose sur la pleine mise en œuvre et dans l'inscription de normes internationales dans les législations et les pratiques juridiques en vigueur au niveau national, fait observer M. Heyns. Les deux experts font donc recommandations spécifiques, qui vont de l'adoption de mesures juridiques et politiques visant à garantir la protection des journalistes au soutien de la liberté de la presse par les plus hauts responsables de l'État, en passant par le renforcement de la reddition des comptes afin de lutter contre l'impunité.