Journée mondiale sans tabac : le Secrétaire général et l'OMS dénoncent l'ingérence de l'industrie du tabac
Une des premières causes évitables de morbidité et de mortalité dans le monde, le tabac tue chaque année près de 6 millions de personnes, dont 600.000 sont des victimes du tabagisme passif.
« Ces dernières années, les multinationales du secteur ont intenté sans vergogne des poursuites judiciaires contre les gouvernements qui se sont mis en première ligne de la guerre contre le tabac. L'industrie sort désormais de l'ombre et saisit les tribunaux », a dénoncé la Directrice générale de l'OMS, le Dr Margaret Chan.
« Alors même que les gouvernements et la communauté médicale internationale essaient d'appliquer des mesures efficaces pour limiter le tabagisme, leurs efforts sont volontairement mis à mal par un secteur dont les produits tuent », a renchéri le Secrétaire général de l'ONU dans un message qu'il a adressé à l'occasion de cette Journée.
Des gouvernements de plus en plus nombreux commencent à remplir pleinement leurs obligations au titre de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac de 2003, en s'efforcent d'instaurer une interdiction totale de fumer dans les lieux publics ou de travail fermés, d'informer le grand public des méfaits du tabac au moyen de puissantes mises en garde illustrées sur le conditionnement des produits du tabac et d'interdire la publicité en faveur du tabac, sa promotion et son parrainage.
En réaction, l'industrie du tabac met toute son énergie à saper la Convention, y compris en poursuivant les gouvernements en justice, comme c'est actuellement le cas de l'Australie, de la Norvège ou encore de l'Uruguay. À l'occasion de la Journée mondiale, l'OMS a publié un document technique d'information afin d'aider les pays à trouver des moyens de combattre l'ingérence de l'industrie du tabac.
Ce document couvre de nombreux sujets, qui vont des manuvres visant à détourner les politiques et législations à l'exagération de l'importance économique de l'industrie du tabac, en passant par la manipulation de l'opinion publique et le discrédit jeté sur les preuves scientifiques.
Conformément à l'article 5.3 de la Convention, les pays doivent, entre autres mesures, limiter les interactions et divulguer toutes les informations sur les réunions avec l'industrie du tabac, rejeter les partenariats et les accords non contraignants avec elle, refuser les fonds et toute forme d'appui et rejeter la participation de l'industrie du tabac à des initiatives concernant les jeunes.
De plus les pays sont tenus de ne pas accorder d'incitations, de privilèges ou d'avantages à l'industrie du tabac, tels que des subventions ou des exemptions de taxes, et mettre en place des barrières contre son ingérence dans la santé publique.
« Nos efforts ne sont pas vains », a assuré Ban Ki-moon. « Dans certains pays, le tabagisme a diminué, parfois jusqu'à 25%, trois ans seulement après l'adoption des mesures strictes de lutte contre le tabagisme prévues dans la Convention-cadre », s'est-il félicité.
Le tabac tue presque la moitié de ses consommateurs. L'OMS estime que, d'ici 2030, il tuera plus de 8 millions de personnes chaque année, avec quatre décès sur cinq survenant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. C'est un facteur de risque majeur pour les maladies non transmissibles (MNT) comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, le diabète et les pneumopathies chroniques, qui sont à l'origine de 63% des décès dans le monde.
La Convention-cadre pour la lutte antitabac est le premier traité international négocié sous l'égide de l'OMS. Adoptée en 2003, elle compte désormais 175 États Parties. Lors de la Journée mondiale sans tabac de 2012 et pendant toute l'année qui suivra, l'OMS invitera instamment les pays à mettre la lutte contre l'ingérence de l'industrie du tabac au cur de leurs efforts pour juguler l'épidémie mondiale de tabagisme.