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Navi Pillay dénonce les restrictions visant les ONG dans plusieurs pays

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Navi Pillay dénonce les restrictions visant les ONG dans plusieurs pays

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a fait part mercredi de sa préoccupation concernant les limites imposées à la liberté et à l'indépendance des organisations non gouvernementales (ONG) dans plusieurs pays à travers le monde.

Une proposition de loi pour réguler les ONG en Egypte « saperait, si elle est passée dans sa forme actuelle, l'esprit de la révolution égyptienne, qui a été menée par la société civile. La loi donne trop de pouvoir au gouvernement pour réguler, surveiller et restreindre le travail des organisations non gouvernementales », a déclaré Mme Pillay dans un communiqué de presse.

Mme Pillay a remarqué que la liberté d'association est sous une pression croissante dans de nombreux pays. « La liberté d'association est un élément vital pour les ONG. Des tentatives légales ou administratives de limiter leurs activités peuvent faire de gros dégâts », a-t-elle déclaré.

La Haut commissaire a cité plusieurs nouvelles lois ou mesures destinées à restreindre la liberté d'associations dans plusieurs pays, dont le Cambodge, le Zimbabwe, l'Algérie, l'Ethiopie, le Belarus, le Venezuela, l'Egypte ou encore Israël.

Les justifications avancées par les gouvernements dans les pays concernés sont souvent de « vouloir préserver l'unité nationale, la culture, les traditions ou les valeurs nationales ».

« La société civile, dont les ONG, les syndicats, les défenseurs des droits de l'homme, les universitaires, les journalistes, bloggeurs et autres, jouent un rôle absolument crucial pour assurer le respect des droits de l'homme dans les Etats. Une société civile dynamique et autonome, capable d'agir librement, est l'une des garanties nécessaire pour une société saine et elle constitue un lien entre les gouvernements et les peuples. Il est donc primordial que les ONG puissent fonctionner dans les pays en transition, comme dans les démocraties établies », a souligné Mme Pillay.

« Les acteurs de la société civile aident à mobiliser les gens pour prendre part aux décisions qui affectent leurs vies. C'est pour cela que l'ONU attache une telle importance à leurs contributions autant au niveau politique qu'opérationnel. Si leurs contributions sont faibles ou limitées, les besoins des gens ordinaires sont trop facilement mis de côté, et en particulier des personnes les plus marginalisées d'une société », a-t-elle ajouté.

La Haut commissaire a également rappelé que la liberté d'association est entérinée dans plusieurs instruments internationaux des droits humains, dont la Déclaration universelle des droits de l'homme (article 20) et la Convention internationale sur les droits politiques et civils (article 22), qui est un traité contraignant ratifié par 167 Etats, dont tous ceux mentionnés ci-dessus.

« Heureusement, la société civile est libre de fonctionner dans de nombreux pays, y compris des démocraties émergentes, dans le cadre d'un effort commun entre les gouvernements et les institutions internationales telles que la mienne. En Tunisie, par exemple, le bureau du HCDH peut désormais non seulement établir une présence pour la première fois, mais aussi forger une relation forte et dynamique avec le gouvernement et la société civile émergente », a indiqué Mme Pillay.

« C'est normal qu'il puisse y avoir des tensions occasionnelles dans la relation entre les organisations de la société civile et les autorités, mais il ne faut pas les laisser se transformer en soupçons, antagonismes, ou carrément en répression de la part des autorités. A long terme, rien n'est gagné mais beaucoup est perdu lorsque les Etats tentent de museler la société civile », a-t-elle conclu.