L'actualité mondiale Un regard humain

Soudan et Soudan du Sud : la chef des droits de l'homme de l'ONU s'inquiète

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Soudan et Soudan du Sud : la chef des droits de l'homme de l'ONU s'inquiète

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a exhorté mardi les gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud à arrêter la violence avant que celle-ci ne sape l'accord de paix qui a été conclu difficilement après des décennies de conflit armé entre les deux parties.

Mme Pillay a rappelé aux deux gouvernements leur obligation de protéger les civils en vertu des droits de l'homme et du droit humanitaire international, et elle a condamné les attaques récentes des deux côtés qui ont fait des morts parmi les civils.

« Je condamne les bombardements aériens par les forces soudanaises dans les zones habitées par des civils au Soudan du Sud, y compris à Mayom et Bentiu dans l'Etat de l'Unity, qui ont coûté la vie à au moins huit civils et blessé beaucoup d'autres depuis samedi », a indiqué Mme Pillay dans une déclaration à la presse.

« Au cours de la semaine passée, nous avons assisté à une intensification de l'usage des avions militaires Antonov et des avions de chasse pour des attaques à la bombe et à la roquette, y compris dans des zones très proches des bureaux des organisations internationales. De telles attaques déplorables doivent cesser immédiatement », a-t-elle ajouté.

Mme Pillay s'est également dite alarmée par l'occupation injustifiée par l'armée du Soudan du Sud de la région riche en pétrole de Heglig au Kordofan méridional (Soudan), ainsi que par les informations qui font état d'une mobilisation importante de milices nordistes dans la zone disputée d'Abyei au cours des derniers jours.

« Ce sont des informations inquiétantes et j'appelle toutes les parties prenantes à s'employer à éviter un dérapage vers la confrontation armée, en gardant à l'esprit les conséquences humanitaires dramatiques pour les civils. Après tant d'années de conflit interne, les Soudanais et les Sud-soudanais connaissent trop bien les conséquences de la violence à grande échelle et des déplacements », a souligné Mme Pillay.

La Haut commissaire a déclaré qu'elle soutenait l'appel du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à la convocation au plus vite d'un Sommet entre les présidents des deux pays, et elle a appelé les deux parties prenantes à renouveler les engagements qu'elles avaient pris lors de l'Accord de paix de 2005.

De son côté, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a fait part mardi de sa préoccupation concernant la poursuite des bombardements aériens dans des zones habitées par des civils dans les Etats de l'Unity et de Warrap, au Soudan du Sud.

« La perte de vies humaines causée par des bombardements aveugles à Bentiu et Mayom sont inacceptables. Il relève de la responsabilité des parties prenantes aux hostilités de respecter l'intégrité physique des civils et leur droit à vivre sans craindre d'être déplacés », a dit la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies au Soudan du Sud, Hilde Johnson, dans une déclaration à la presse.

La MINUSS a rappelé qu'elle était mandatée à protéger les civils qui sont sous menace d'une violence physique imminente.

Au cours des derniers jours, la MINUSS a confirmé plusieurs bombardements, dont cinq bombes qui ont été lâchées sur le village de Mayom dimanche soir et qui ont touché une base de soutien de la mission de l'ONU. Ces bombardements ont fait 8 morts et 22 blessés, tous des civils.

« J'appelle les deux parties à respecter les droits de l'homme et le droit humanitaire international, à protéger les civils et à garantir la sécurité des organisations d'aide humanitaire internationales ainsi que le personnel et les biens de l'ONU », a déclaré Mme Johnson.