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Suriname : l'ONU déplore un amendement à une loi d'amnistie

Rupert Colville, porte-parole de la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
Rupert Colville, porte-parole de la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.

Suriname : l'ONU déplore un amendement à une loi d'amnistie

Le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) s'est dit perturbé vendredi par la décision de l'Assemblée nationale du Suriname d'adopter un amendement à une loi d'amnistie existante qui accorde l'immunité aux personnes coupables de violations des droits de l'homme commises pendant une période de 12 ans lorsque le pays était dirigé par un régime militaire.

« La nouvelle loi étend la courte période couverte par une loi d'amnistie précédente afin d'inclure toutes les infractions qui ont eu lieu entre le 1er avril 1980 et le 19 août 1992 « dans le contexte de la défense de l'Etat ». Cette loi empêche toute enquête sur les violations graves des droits de l'homme qui ont été commises entre ces deux dates », a souligné le porte-parole du HCDH, Rupert Colville.

Une enquête lancée en 2007 risque vraisemblablement maintenant d'être affectée, ou même arrêtée complètement. Cela concerne l'actuel Président Desi Bouterse, qui fut également à la tête du régime militaire, ainsi que 24 autres personnes. Ils sont accusés d'avoir participé à l'arrestation de 15 membres de l'opposition, dont des journalistes, des avocats et un chef de syndicat en décembre 1982, et à leur exécution sommaire peu de temps après.

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a indiqué que cet amendement à la loi va priver la majorité des familles des victimes de leur droit à la justice, à la vérité et à la réparation.

Le droit international est pourtant clair sur la question des amnisties qui ne sont pas autorisées si elles empêchent les poursuites contre des individus qui pourraient être pénalement responsables de crimes internationaux, dont des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité, de génocide et de violations graves des droits de l'homme, a rappelé M. Colville.

« La Haut commissaire espère sincèrement que des mesures seront prises pour renverser cette loi le plus vite possible, puisqu'elle va clairement à l'encontre des obligations internationales du Suriname et elle se démarque de la tendance positive dans plusieurs autre pays de l'Amérique latine où les individus responsables de crimes graves qui ont eu lieu sous des dictatures militaires sont poursuivis et souvent condamnés », a expliqué M. Colville.