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Soudan : Pillay dénonce les propos incendiaires d'un gouverneur

La Haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
La Haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Soudan : Pillay dénonce les propos incendiaires d'un gouverneur

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a fait savoir jeudi que les propos du gouverneur de l'Etat du Kordofan méridional, au Soudan, Ahmed Haroun, pourraient constituer un crime grave et mener à l'escalade de la violence et donc exacerber la situation déjà dangereuse dans cet Etat frontalier.

M. Haroun, qui a déjà été inculpé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI), a été filmé pendant qu'il donnait des instructions à des soldats soudanais. Il leur demandait de lui « remettre la zone propre, balayée, essuyée et écrasée. Ne les [les rebelles] ramenez pas en vie, ils seront un poids administratif ». Le gouvernement du Soudan a depuis prétendu que M. Haroun cherchait simplement à motiver les soldats.

« Nous sommes préoccupés depuis longtemps déjà des possibles violations des droits de l'homme et du droit humanitaire dans les Etats du Kordofan méridional et du Nil bleu. De tels propos sont extrêmement inquiétants dans ce contexte et ils pourraient constituer une incitation », a déclaré Mme Pillay dans un communiqué de presse.

« Des témoins qui se sont rendus dans la région des montagnes de Nuba, qui est principalement peuplée par les Nubas, ont rapporté des témoignages de villages brûlés et de meurtres de civils dans ce qui s'apparente à une politique de terre brûlée », a-t-elle ajouté en précisant que l'ONU n'a pas pu vérifier ces informations puisque le gouvernement soudanais interdit l'accès à cette région.

Mme Pillay a rappelé l'importance de mener une enquête indépendante, objective et approfondie sur ces accusations. Elle a également exhorté le gouvernement du Soudan à accorder l'accès de la région aux agences humanitaires.

« Nous exhortons toutes les parties prenantes au conflit de s'abstenir d'attaquer des civils et de ne pas tenir des propos incendiaires qui pourraient constituer le crime d'incitation grave à la violation des droits de l'homme et du droit humanitaire », a avertit Mme Pillay.