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L'ONU choquée par des images de torture dans un hôpital syrien

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay. Photo ONU/Paulo Filgueiras
La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay. Photo ONU/Paulo Filgueiras

L'ONU choquée par des images de torture dans un hôpital syrien

Le Haut commissariat aux droits de l'homme (HCDH) s'est dit choqué par un reportage télévisé qui montrerait des patients soumis à la torture dans un hôpital militaire de la ville de Homs en Syrie.

Suite à un reportage diffusé lundi sur une chaîne de télévision britannique qui montrerait des patients soumis à la torture dans un hôpital militaire de la ville de Homs en Syrie, le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) s'est dit choqué et a estimé que cela correspondait aux rapports de la Mission d'établissement des faits et la Commission d'enquête établies par le Conseil des droits de l'homme.

« Comme l'ont noté la Mission d'établissement des faits et la Commission d'enquête, des violations graves des droits de l'homme, notamment la torture, ont été documentées depuis la mise en place de la législation d'urgence en 1963, soit il y a quatre décennies. La brutalité des forces de sécurité est notoire », a déclaré le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d'un point presse mardi à Genève.

Les agences de sécurité et de renseignements sont nombreuses en Syrie et elles opèrent de façon indépendante. Elles profitent d'une immunité inscrites dans la loi et ne peuvent pas être poursuivies.

« Les méthodes de torture utilisées en Syrie depuis de nombreuses années comprennent des passages à tabac, des chocs électriques, la suspension par les membres pendant des périodes prolongées, ainsi que la torture psychologique et les humiliations répétées », a expliqué M. Colville.

Le rapport publié en novembre 2011 par la Commission d'enquête documente plusieurs cas de personnes blessées emmenées à l'hôpital, où elles ont été frappées et torturées pendant des interrogatoires. Des actes de torture et des exécutions auraient eu lieu à l'hôpital militaire de Homs, le même hôpital que celui du reportage de la télévision britannique Channel 4. Des membres des forces de sécurité se seraient déguisés en docteurs et auraient agi avec la complicité du personnel soignant.

« Alors que les gens ont peur de se rendre dans les hôpitaux publics, des cliniques de fortune ont été installées dans les mosquées et les résidences privées, qui sont vite devenues des cibles. Un des premiers exemples était la mosquée Omari à Dar'a qui a été attaquée le 23 mars dernier. Plusieurs patients blessés et membres du personnel soignant ont été tués », a rappelé M. Colville.

La Mission d'établissement des faits et la Commission d'enquête ont reçu de nombreux témoignages sur le refus de soins médicaux aux blessés et aux malades. Cela s'est passé dans plusieurs villes du pays, dont Lattaquié, Baniyas, Homs et Idlib. Les témoignages confirmeraient le fait que les forces de sécurité iraient dans les hôpitaux pour arrêter les manifestants blessés et les transférer dans des hôpitaux militaires.

« L'article 2(2) de la Convention contre la torture déclare qu''aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu'elle soit, qu'il s'agisse de l'état de guerre ou de menace de guerre, d'instabilité politique intérieure ou de tout autre état d'exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture'. Lorsque la torture est répandue et systématique, elle équivaut à un crime contre l'humanité », a souligné M. Colville.