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L'ONU demande un cessez-le-feu immédiat en Syrie

la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

L'ONU demande un cessez-le-feu immédiat en Syrie

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, s'est dit « consternée » mardi par la situation humanitaire et des droits de l'homme en Syrie qui se détériore de façon rapide et dramatique et elle a appelé à un cessez-le-feu immédiat pour pouvoir apporter une assistance humanitaire d'urgence aux civils.

A l'occasion d'une réunion spéciale du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies sur la Syrie mardi, Mme Pillay a fait état d'une situation humanitaire alarmante dans laquelle les civils payent le prix le plus lourd de la répression brutale des autorités contre l'insurrection populaire qui a commencé en mars dernier.

Plus tôt ce mois, les forces du gouvernement ont lancé un assaut dans plusieurs villes du pays, notamment à Homs, qui a fait plusieurs centaines de morts. Les hôpitaux sont débordés par les blessés et la situation humanitaire est selon Mme Pillay « terrible » pour la population civile.

« Il faut un cessez-le-feu humanitaire immédiat pour mettre fin aux combats et aux bombardements », a souligné la Haut commissaire. Mme Pillay a également appelé les autorités syriennes à coopérer pleinement avec les mécanismes internationaux, dont celui mené par Kofi Annan qui vient d'être nommé Envoyé spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue des Etats arabes pour la crise en Syrie.

Mme Pillay a aussi exhorté le gouvernement syrien à permettre aux observateurs indépendants internationaux d'avoir accès aux centres de détention, d'accorder un accès sans entraves aux organisations humanitaires, de libérer tous les prisonniers politiques détenus de façon arbitraire et de mettre fin à l'impunité pour ceux qui violent les droits de l'homme.

Le gouvernement syrien a accepté de donner accès à certaines prisons et centres de détention au Comité international de la Croix-Rouge et aux observateurs de la Ligue des Etats arabes ainsi que de libérer des milliers de personnes qui étaient détenues dans le cadre des évènements récents dans le pays.

« Ces avancées timides sont néanmoins des détails insignifiants à la lumière de la vague de violence et des arrestations qui continuent de s'abattre sur les Syriens », a déclaré Mme Pillay en réitérant que la situation en Syrie devrait être référée au Cour pénale internationale (CPI).

« Le plus important aujourd'hui, c'est que la violence cesse. Pour cela, la communauté internationale doit s'unir et envoyer un message clair aux autorités syriennes et le Conseil de sécurité doit assumer la responsabilité de protéger la population syrienne », a-t-elle ajouté.

« Ceux qui commettent des atrocités en Syrie doivent comprendre que la communauté internationale ne se contentera pas d'observer simplement ce carnage. Les décisions qu'ils prennent aujourd'hui ne resteront pas impunies », a mis en garde Mme Pillay.

Le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, Nassir Abdulaziz Al-Nasser, a lui aussi exhorté les autorités syriennes à mettre fin à la violence et il a appelé la communauté internationale à renforcer la mobilisation. Il a demandé à tous les Etats membres de travailler avec l'Envoyé spécial Kofi Annan pour faciliter une solution politique, pacifique et inclusive à la crise.

Le Représentant syrien au Conseil Faysal Khabbaz Hamoui a dénoncé un plan qui consisterait selon lui en une attaque contre la Syrie sous prétexte de vouloir intervenir pour des raisons humanitaires.

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires politiques, B. Lynn Pascoe, a de son côté déclaré au Conseil de sécurité que le gouvernement syrien a manifestement manqué à sa responsabilité de protéger sa population. Il a également dit que les tueries actuelles en Syrie « rappelaient celles que le gouvernement syrien avaient perpétrées dans la ville de Hama en 1982 ».

« Malheureusement, la communauté internationale a aussi manqué à sa responsabilité de mettre fin au carnage, et le manque d'action jusqu'à présent semble conforter le régime dans la certitude qu'il peut poursuivre le massacre de sa population dans l'impunité », a déploré M. Pascoe.

Selon lui, les conséquences humanitaires de la violence sont désormais « sévères » alors que l'attaque des quartiers de Homs se poursuit pour la quatrième semaine consécutive. Il a rappelé que la chef de l'humanitaire des Nations Unies, Valerie Amos, se trouve dans la région et qu'elle est prête à se rendre à Damas, dès que le gouvernement syrien lui accordera une autorisation.