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Syrie : Pillay exhorte l'Assemblée générale à agir pour protéger la population

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, parle à la presse après un exposé sur la Syrie devant l'Assemblée générale. Photo ONU/M. Garten
La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, parle à la presse après un exposé sur la Syrie devant l'Assemblée générale. Photo ONU/M. Garten

Syrie : Pillay exhorte l'Assemblée générale à agir pour protéger la population

Déplorant les informations faisant état de violences systématiques à l'encontre des civils en Syrie, la Haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, a exhorté l'Assemblée générale de l'ONU à agir maintenant.

Déplorant les informations faisant état de violences systématiques à l’encontre des civils en Syrie, la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a exhorté lundi les Etats membres de l’Assemblée générale de l’ONU à « agir maintenant » pour protéger la population syrienne.

« Chacun des membres de la communauté internationale doit agir maintenant pour protéger de toute urgence la population syrienne », a déclaré Navi Pillay dans un discours devant l’Assemblée générale de l’ONU réunie en séance spéciale sur la situation en Syrie.

« Je suis bouleversée de voir que la poursuite de la répression impitoyable ainsi que l’incitation délibérée des tensions pourraient bientôt plonger la Syrie dans une guerre civile. Aussi longtemps que la communauté internationale échouera à prendre des mesures, les populations civiles souffriront des innombrables atrocités commises à leur encontre », a-t-elle ajouté.

La Haut commissaire aux droits de l’homme a souligné « que les violations massives et systématiques des droits de l’homme ont non seulement continué mais surtout ont brusquement augmenté » depuis l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution condamnant les violations des droits de l’homme par les autorités syriennes le 19 décembre 2011.

« L’échec du Conseil de sécurité à trouver un accord sur une action conjointe forte semble avoir encouragé le gouvernement syrien à lancer un assaut d’une force impitoyable, dans le but d’écraser la contestation », a-t-elle ajouté, citant notamment la situation dans la ville de Homs.

Depuis le 3 février, « le gouvernement utilise des chars, des mortiers, des roquettes et de l’artillerie pour pilonner la ville de Homs », a dit Navi Pillay. « L’armée syrienne a fait feu sur des quartiers de Homs densément peuplés dans ce qui paraît être une attaque aveugle contre des zones civiles », a-t-elle affirmé.

« Le matériel médical vient à manquer », a-t-elle souligné. « Les obus ont atteint au moins trois cliniques improvisées, augmentant ainsi le nombre de victimes. A cause de l’artillerie lourde, les habitants ont été, de fait, piégés dans des zones subissant des attaques. L’électricité et les communications ont été coupées dans certains quartiers. Et la nourriture se fait rare. La situation à Homs est absolument déplorable », a-t-elle ajouté.

Navi Pillay dit avoir des informations faisant état de l’intensification des attaques et de la détérioration de la situation humanitaire dans d’autres parties du pays. « Le risque d’une crise humanitaire dans toute la Syrie augmente », a-t-elle prévenu.

« Les civils ont supporté le poids de la violence, et des villes telles que Homs, Hama, Deraa et Idlib ont été assiégées, des couvre-feux ont été imposés », a-t-elle ajouté. « Durant les sièges, les habitants n’ont pas pu obtenir de l’eau, de la nourriture et du matériel médical. Les militaires et les forces de sécurité ont visé les citernes et les conduites d’eau. Les blocus ont souvent rendu impossible le transport des blessés vers les hôpitaux ».

« Les hôpitaux ont été utilisés comme des centres de détention et de torture. Les ambulances sont prises pour cibles et de nombreux blessés et malades ont été refoulés des hôpitaux publics de plusieurs villes. Des détenus blessés ont été soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements dans des hôpitaux militaires. Les preuves réunies indiquent que les médecins et le personnel médical ont été recherchés, arrêtés et torturés par les forces de sécurité », a énuméré la Haut commissaire.

« De plus en plus de blessés évitent de se rendre dans des hôpitaux publics de peur d’être arrêtés ou torturés », a-t-elle dit. Selon Mme Pillay, la majorité des blessés sont soignés dans des hôpitaux clandestins, installés dans des appartements, des fermes et des maisons privées. L’hygiène et les conditions de stérilisation sont rudimentaires et la simple possession de matériel médical est sanctionnée.

La Haut commissaire a dit à l’Assemblée générale que les rapports suggèrent que les militaires syriens et les forces de sécurité « ont lancé d’importantes campagnes d’arrestations, détenant arbitrairement des milliers de manifestants, de militants ou d’autres personnes soupçonnées de sentiments ou d’activité allant à l’encontre du gouvernement. D’autres ont été victimes de disparition involontaire ou forcée ».

« Des informations crédibles montrent qu’il existe des schémas d’utilisation systématique et répandue de la torture dans les centres d’interrogation et de détention par les forces de sécurité, » a dit la Haut commissaire. « D’après des informations obtenues par des déserteurs de l’armée syrienne, les militaires ont reçu l’ordre de leurs commandants de recourir à la torture ».

« Les enfants n’ont pas été épargnés. Les enfants sont frappés à mort, pris pour cibles par des francs tireurs ou pris dans les bombardements des forces de sécurité du gouvernement dans plusieurs endroits de la Syrie », a-t-elle souligné.

« La mission d’établissement des faits, la Commission d’enquête en Syrie et moi-même avons tous conclu que des crimes contre l’humanité ont été probablement commis en Syrie. J’ai encouragé le Conseil de sécurité à porter cette situation devant la Cour pénale internationale. Tous les Etats membres doivent s’assurer que ces crimes ne resteront pas impunis. Ces crimes continuent d’être commis au moment même où je parle », a-t-elle conclu.

A l’ouverture de la séance de l’Assemblée générale de l’ONU lundi, le Président de cette Assemblée, Nassir Abdulaziz Al-Nasser, a également appelé « à immédiatement mettre un terme à toutes les violences et représailles comme le demande l’initiative de la Ligue des Etats arabes ».