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Yémen : l'UNICEF tire la sonnette d'alarme sur la malnutrition des enfants

Des enfants déplacés dans un camp au Yémen. Photo : Adel Yahya/IRIN
Des enfants déplacés dans un camp au Yémen. Photo : Adel Yahya/IRIN

Yémen : l'UNICEF tire la sonnette d'alarme sur la malnutrition des enfants

La Directrice régionale pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Maria Calivis, a terminé mercredi une visite de deux jours au Yémen où elle a pu constater l'effet dévastateur de la malnutrition sur l'état de santé des enfants.

« Cette année, une demi million d'enfants au Yémen pourraient mourir de la malnutrition ou souffrir des conséquences physiques et cognitives de la malnutrition pour le reste de leur vie si nous n'agissons pas. La malnutrition est évitable et pour cela, l'inaction est inconcevable », a déclaré Mme Calivis.

« Le conflit, la pauvreté et la sécheresse aggravés par les conflits de l'année dernière et les prix élevés de la nourriture et des carburants, le manque de services publics mettent en danger la santé des enfants et menacent leurs chances de survie », a-t-elle ajouté.

58% des enfants au Yémen sont chétifs et le pays a le deuxième taux de malnutrition chronique pour les enfants au monde après l'Afghanistan. La malnutrition sévère affecte jusqu'à 30% des enfants dans certaines régions du pays, ce qui s'approche du niveau du sud de la Somalie, et qui est le double du taux internationalement reconnu comme une urgence.

La malnutrition et les mauvais services de santé sont responsables pour la plupart des décès de 74 enfants à cause de la rougeole. Cette maladie avait touché 2.500 enfants lors d'une épidémie récente, selon les données du gouvernement. La plupart des enfants guérissent de cette maladie au bout de deux ou trois semaines, mais les enfants malnutris peuvent avoir des complications qui mènent à leur mort.

Le Yémen a également un des taux de mortalité les plus élevés au Moyen-Orient pour les enfants âgés de moins de cinq ans, puisqu'il s'élève à 77 pour 1000. Cela signifie que chaque année, 69.000 enfants meurent avant leur cinquième anniversaire.

« Maintenant plus que jamais il est temps de renouveler l'engagement pour un avenir meilleur et plus sûr pour les enfants du Yémen. Alors que le pays se prépare à la phase suivante, il est essentiel que les enfants soient la première priorité dans l'agenda politique. Leurs besoins doivent être couverts et leurs droits respectés », a souligné Mme Calivis.

L'UNICEF a demandé près de 50 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires urgents des enfants en 2012. La lutte contre la malnutrition est placée en haut de la liste des priorités de l'UNICEF en 2012, avec l'accès à l'éducation, aux services de santé primaires, à l'eau potable ainsi que la protection contre la violence et les abus.

A l’issue de consultations du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen mercredi, le Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour ce pays, Jamal Benomar, a déclaré à la presse que la crise humanitaire restait très grave et que les statistiques en la matière étaient alarmantes.

Concernant la situation politique, M. Benomar a estimé que des mesures supplémentaires devaient être prises par les autorités pour arriver à un retour à la normale et à la stabilité. « Des combats continuent dans de nombreux endroits du pays, pesant sur la situation économique et humanitaire », a-t-il dit.

Après des mois de violente répression au Yémen, le Président Ali Abdallah Saleh est parti cette semaine pour les Etats-Unis pour y être soigné après avoir été grièvement blessé dans un attentat en juin dernier. Le départ de M. Saleh fait partie d'un accord de transition conclu avec l'opposition, octroyant au Président et à ses proches l'immunité contre son départ.