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L'ONU exhorte le Nigéria à mettre fin à la spirale de violence religieuse

Une voiture incendiée lors de la répression contre le groupe islamiste Boko Haram, au Nigéria, en juillet 2011. Photo : Aminu Abubakar/IRIN
Une voiture incendiée lors de la répression contre le groupe islamiste Boko Haram, au Nigéria, en juillet 2011. Photo : Aminu Abubakar/IRIN

L'ONU exhorte le Nigéria à mettre fin à la spirale de violence religieuse

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), Navi Pillay, a exhorté jeudi les dirigeants nationaux et locaux au Nigéria à faire un effort courageux et concerté pour mettre fin à la spirale de la violence sectaire qui a été enclenchée par des attaques du groupe islamiste Boko Haram.

« Il est primordial que les dirigeants du pays, et particulièrement les chefs religieux musulmans et chrétiens, unissent leurs forces pour condamner sans équivoque toutes les violences, y compris les représailles, et pour encourager ceux qui les suivent à identifier et aider à arrêter ceux qui ont pris part dans les tueries et autres actes de violence qui ont eu lieu », a déclaré Mme Pillay dans une déclaration à la presse.

La Haut commissaire aux droits de l'homme a reconnu que certains dirigeants religieux et politiques ont d'ores et déjà émis de tels appels, mais elle souhaite que les dirigeants du pays « parlent d'une voix et agissent résolument pour éviter qu'une situation déjà dangereuse dégénère hors de contrôle ».

« Un jour c'est une église qui est visée, le lendemain une mosquée et le jour après c'est une cible laïque. La tolérance religieuse qui a été un élément central de la Fédération Nigériane est menacée et j'exhorte tous les dirigeants du Nigéria à éviter de tomber dans le piège d'appeler ou d'approuver des actes de représailles ou de faire des déclarations provocantes », a mis en garde Mme Pillay.

« Tout le monde sera perdant si Boko Haram arrive à semer la discorde entre musulmans et chrétiens, ou entre sudistes et nordistes. Le fait que les gens quittent déjà les régions où ils sont minoritaires par peur d'attaques de la population majoritaire, montre à quel point la situation est dangereuse pour le pays dans son ensemble. Tous ceux qui incitent à la violence ou à la haine doivent être tenus responsables », a-t-elle ajouté.

Mme Pillay a souligné qu'il était essentiel que les forces de sécurité respectent les droits de l'homme et évitent un usage excessif de la force lorsqu'elles effectuent leurs missions afin de ne pas exacerber les tensions et les ressentiments des populations locales.

« Les membres de Boko Haram et d'autres groupes pourraient être déclaré coupables de crimes contre l'humanité s'ils sont poursuivis pour avoir commis des attaques systématiques et ciblés contre une population civile, y compris pour des motivations religieuses ou ethniques. Des actes délibérés de 'nettoyage' ethnique ou religieuse sont des crimes contre l'humanité », a fait savoir la Haut commissaire.

« Il ne peut pas y avoir d'impunité pour des actes de violence, y compris ceux commis comme représailles à d'autres attaques », a-t-elle précisé.

Mme Pillay a exprimé sa préoccupation concernant les récentes pertes en vies humaines lors de manifestations contre le retrait de subventions pour le carburant, et elle a exhorté le gouvernement à mener des enquêtes transparentes, indépendantes, impartiales et approfondies des évènements.

« Le gouvernement du Nigéria a la responsabilité d'assurer que le personnel de sécurité évite l'usage excessif de la force et de vérifier que toutes les précautions ont été prises avant que les forces de sécurité usent d'armes à feu. A ce moment critique, les autorités à tous les niveaux doivent gagner le respect et le soutien de la population en respectant scrupuleusement les droits de l'homme et en montrant que eux aussi sont responsables pour tout excès éventuel », a indiqué Mme Pillay.