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Droits de l'homme : l'ONU rappelle que 2011 a été une année extraordinaire

Des manifestants en Iraq.
Des manifestants en Iraq.

Droits de l'homme : l'ONU rappelle que 2011 a été une année extraordinaire

A l'occasion de la Journée des droits de l'homme qui sera célébrée officiellement le 10 décembre, le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a rappelé vendredi que chaque personne devait connaître ses droits et exiger qu'ils soient respectés.

« Si nous ne défendons pas nos droits et les droits d'autrui, ils ne seront rien d'autre que des lettres mortes dans un vieux document », a déclaré Ban Ki-moon dans un message. « C'est pourquoi nous célébrons davantage que l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948. Nous reconnaissons sa valeur permanente pour notre propre époque. »

« L'importance des droits de l'homme a été soulignée encore et encore cette année. A travers le monde, les peuples se sont mobilisés pour réclamer la justice, la dignité, l'égalité et la participation, bref, les droits inscrits dans la Déclaration universelle », a-t-il ajouté.

Un grand nombre de ces manifestants pacifiques on persévéré bien qu'ils aient dû faire face à la violence et à la répression. Dans certains pays la lutte continue, dans d'autres des concessions importantes ont été obtenues et des dictateurs ont été renversés alors que la volonté du peuple l'a emporté.

« Nous savons qu'il y a encore trop de répression dans le monde, trop d'impunité et trop de gens pour qui les droits de l'homme ne sont pas encore une réalité », a rappelé le Secrétaire général.

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a rappelé que l'année 2011 a été une année extraordinaire pour les droits de l'homme. Une année où un simple mot incarnant la quête déçue d'un seul et pauvre jeune homme dans une province reculée de Tunisie a touché une corde dont le son est monté crescendo. Ce mot, cette quête, c'était pour la « dignité », a-t-elle noté.

« En quelques jours, il était entendu dans la capitale, Tunis, avec une telle force qu'en seulement quatre semaines les fondations d'un régime autoritaire inébranlable et apparemment indestructible ont été renversées. Ce précédent et sa révision radicale du champ des possibles se sont rapidement propagés aux rues et places du Caire et ont été suivis par d'autres villes et villages dans l'ensemble de la région et, au bout du compte, dans le monde entier sous différentes formes », a souligné Mme Pillay.

En 2011, l'idée même du « pouvoir » a évolué. Au cours de cette année extraordinaire, elle n'a pas été uniquement maniée par des institutions puissantes siégeant dans des immeubles en marbre mais aussi, de plus en plus, par des hommes, des femmes et même des enfants ordinaires, qui se sont courageusement levés pour réclamer leurs droits.

Au Moyen Orient et en Afrique du Nord, plusieurs milliers de personnes l'ont payé de leur vie, des dizaines de milliers ont été blessées, ont vécu dans des villes assiégées, ont été torturées, emprisonnées, et menacées mais leur nouvelle détermination à exiger le respect de leurs droits a montré qu'elles n'étaient plus prêtes à accepter l'injustice.

« Bien que nous devions pleurer la perte de nombreuses vies, y compris tout récemment au cours de l'assaut impitoyable de plusieurs villes et villages de Syrie, ou à nouveau lors d'un usage excessif de la force au Caire ou encore à cause des événements venant déstabiliser les élections en République démocratique du Congo, nous avons aussi des raisons de nous réjouir », a souligné Mme Pillay.

Le message de ce réveil mondial inattendu n'a pas été porté, à ses débuts, par les satellites des principales agences de presse, ni par des conférences, ou par d'autres moyens traditionnels - bien qu'ils aient tous joué un rôle important- mais par la montée dynamique et irrépressible des médias sociaux. Et les résultats ont été saisissants.

« En somme, en 2011, les droits de l'homme sont devenus contagieux. Pour la Journée des droits de l'homme 2011, j'exhorte tout le monde, partout, à rejoindre la campagne sur les réseaux sociaux que mon bureau a lancée pour aider le plus de personnes possibles à connaître, exiger et défendre les droits de l'homme. C'est une campagne qui doit perdurer aussi longtemps que les droits de l'homme seront malmenés », a indiqué la Haut commissaire.

Le Président de la Cour pénale internationale (CPI), Sang-Hyun Song, a de son côté indiqué que « les procès d'aujourd'hui empêcheront les crimes de demain ». L'adoption du Statut de Rome de la CPI en juillet 1998 a représenté une autre étape novatrice vers un monde plus humain. Les crimes relevant de sa compétence – le génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre – impliquent par définition des violations du droit à la vie et à la liberté, et la soumission à la torture ou à l'esclavage.

« Jusqu'à présent, ce sont 120 États souverains qui ont adhéré au Statut de Rome, et la CPI est devenue l'une des institutions internationales centrales s'occupant des violations massives des droits de l'homme. Pour des milliers de victimes, hommes, femmes et enfants, c'est le moyen de voir la justice rendue et, grâce à la possibilité qu'elles ont de participer et d'obtenir des réparations, c'est aussi un moyen de mieux vivre dès à présent », a rappelé Sang-Hyun Song.

Les Conseillers spéciaux du Secrétaire général de l'ONU pour la prévention du génocide, Francis Deng, et pour la responsabilité de protéger, Edward Luck, ont rejoint le Président de la CPI sur l'importance de rendre la justice.

« La Convention de 1948 consacrait au départ l'engagement de protéger les populations vulnérables du monde entier contre les massacres à grande échelle. Aujourd'hui, pierre angulaire du concept qu'incarne le principe de la responsabilité de protéger, cet engagement est plus accepté et plus pertinent que jamais », a déclaré M. Luck.

Selon M. Deng, il est indispensable, si l'on veut sauver des vies et édifier des sociétés fondées sur la tolérance et l'équité dans lesquelles les droits de l'homme sont respectés et tous les citoyens peuvent participer sur un pied d'égalité, de remédier aux inégalités en engageant très tôt et de manière soutenue des actions visant à empêcher toute escalade des tensions entre groupes.

« Nous demandons aux États Membres, aux organisations régionales et sous-régionales, à la société civile et aux organismes des Nations Unies d'œuvrer ensemble pour prévenir, à titre prioritaire, le génocide et les autres crimes odieux », ont plaidé les Conseillers spéciaux. « Ce faisant, nous démontrerons notre humanité commune, nos valeurs fondamentales et notre détermination collective et individuelle à ne pas répéter les erreurs du passé ».