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Brésil : l'ONU salue la création d'une Commission sur les abus du passé

Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Brésil : l'ONU salue la création d'une Commission sur les abus du passé

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a salué vendredi l'entrée en vigueur d'une nouvelle loi au Brésil qui met en place une Commission nationale de la vérité. C'est un pas vers l'établissement des faits sur les violations des droits de l'homme par le passé.

« Cette décision montre l'engagement du Brésil envers les droits de l'homme, dans le pays comme à l'étranger. C'est un premier pas important vers la cicatrisation des blessures du pays et la reconnaissance des erreurs du passé », a déclaré Mme Pillay dans un communiqué à la presse.

La Commission qui sera établie, cherchera à promouvoir le droit à la vérité et la connaissance du public des violations des droits de l'homme qui ont eu lieu durant les 42 années de répression politique de 1946 à 1988. La loi établissant la Commission a été ratifiée vendredi par la Présidente du Brésil, Dilma Roussef.

Par la même occasion, la Présidente a promulgué une loi d'accès du public à l'information, qui cherche à donner la possibilité à la Commission de diffuser des informations et des faits dans l'espace public. La Haut commissaire a encouragé le Brésil à prendre des mesures supplémentaires pour faciliter les poursuites contre ceux qui sont présumés coupables de violations des droits de l'homme, y compris ceux qui seront pointés du doigt par la Commission. De telles mesures devraient inclure la suppression de la loi d'amnistie de 1979.

La Commission sera composée de sept membres avec un mandat de deux ans pour effectuer des enquêtes. Le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) espère que cela préparera le terrain pour poursuivre ceux qui sont coupables de meurtres, de torture, de disparitions forcées et d'autres atrocités. Près de 500 personnes ont été tuées ou ont disparu durant le régime de dictature militaire au Brésil.

« Les victimes et leurs familles ont cherché une réparation pour les violations qu'elles ont subies pendant plus de quatre décennies, et elles ont le droit à la justice. En plus de mettre en évidence la vérité sur des incidents en particulier, de telles commissions servent à comprendre les causes et les conséquences des violations du passé », a expliqué Mme Pillay.

« Au final, le travail de la Commission, dont le fait d'entendre des témoignages poignants de victimes, devrait aider les Brésiliens à comprendre et à reconnaître leur propre histoire, qui a jusqu'à présent été assujettie à de nombreuses disputes et dénis », a-t-elle poursuivi.

Mme Pillay a noté que le HCDH avait une expérience considérable gagnée au fil des années en aidant les Etats dans leurs efforts pour mettre en place des mesures de justice transitionnelles. « Par expérience, nous savons que les sociétés n'arrivent pas à obtenir un développement durable et une réconciliation sans faire la lumière sur les abus du passé. En tant que puissance politique et économique émergente, la reconnaissance claire de ce fait par le Brésil est un pas très important » a indiqué la Haut commissaire.