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L'anti-terrorisme ne doit pas excuser les violations des droits de l'homme - expert

Le Rapporteur spécial sur la lutte contre le terrorisme et les droits de l'homme, Ben Emmerson.
Le Rapporteur spécial sur la lutte contre le terrorisme et les droits de l'homme, Ben Emmerson.

L'anti-terrorisme ne doit pas excuser les violations des droits de l'homme - expert

La lutte contre le terrorisme ne doit pas servir de prétexte pour violer les droits de l'homme ou pour contraindre une opposition au silence tel que cela a été le cas dans plusieurs pays se voulant démocratiques au cours de la dernière décennie, a déclaré vendredi un expert de l'ONU.

« La plupart des Etats qui ont dû faire face aux problèmes de la lutte contre le terrorisme sous une forme ou une autre ont fait usage de méthodes qui sont incompatibles avec les droits de l'homme, » a dit le nouveau Rapporteur spécial des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme et les droits de l'homme, Ben Emmerson, devant la Troisième commission de l'Assemblée générale.

« Si je devais identifier le plus important principe à retenir, je dirai que c'est celui que le terrorisme en aucun cas ne doit être utilisé suivant une définition trop large qui permet aux Etat d'abuser du concept de sécurité nationale pour réduire l'opposition au silence, » a-t-il ajouté.

M. Emmerson a expliqué qu'une partie importante de son travail de Rapporteur spécial consistait à revoir les législations nationales et les définitions du terrorisme qui sont courantes et utilisées dans le domaine juridique pour s'assurer que les Etats n'abusent pas de la lutte contre le terrorisme à des fins politiques.

« Depuis dix ans, nous avons vu de nombreux Etats, y compris des Etats avec des traditions démocratiques et légales dont ils se disent fiers, prendre des mesures qui sont des violations systématiques de droits humains fondamentaux et reconnus au niveau international, » a indiqué M. Emmerson.

« Nous avons également vu que les terroristes et ceux qui les soutiennent utilisent justement ces violations des droits de l'homme comme justification de leurs actes, » a-t-il ajouté.

Selon l'expert, la communauté internationale a compris que c'est en défendant les droits de l'homme que les Etats contribuent le plus efficacement à prévenir le terrorisme.

« La lutte contre le terrorisme qui respecte et promeut les droits de l'homme n'est pas seulement une question de principes, c'est également une question d'efficacité dans la prévention du terrorisme, » a expliqué le Rapporteur spécial.

Avant sa nouvelle nomination en tant que Rapporteur spécial, M. Emmerson a servi au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), à la Cour pénale internationale (CPI) et à la Cour européenne des droits de l'homme.

« La philosophie qui anime mon mandat est qu'une action contre le terrorisme qui viole les droits de l'homme, ne sert pas à prévenir le terrorisme et depuis dix ans de telles pratiques ont exacerbé les griefs qui poussent les gens à faire les mauvais choix et à s'engager dans l'action terroriste, » a dit M. Emmerson.