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Un expert de l'ONU suggère des directives pour empêcher l'accaparement de terres

Le Rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter.
ONU/Jean-Marc Ferré
Le Rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter.

Un expert de l'ONU suggère des directives pour empêcher l'accaparement de terres

Un expert indépendant des Nations Unies a averti lundi que la pratique d'accaparement de terres pour la production de biocarburants, des projets d'infrastructure à grande échelle ou autre, menace la sécurité alimentaire pour des centaines de millions de personnes en mettant en péril les petits producteurs agricoles.

« La menace de l'accaparement de terres nous rappelle l'importance vitale de l'accès aux terres pour 500 millions de familles dans le monde qui n'ont pas encore acquis une sécurité alimentaire, » a déclaré le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation Olivier de Schutter avant une réunion du Comité de l'ONU sur la sécurité alimentaire dans le monde (CSA), qui aura lieu à Rome courant octobre. M. de Schutter a exhorté toutes les parties prenantes à trouver un accord sur des directives concernant l'entretien des terres, des forêts et des zones de pêche.

« Le droit aux terres est la question de base pour la sécurité alimentaire. Sans consensus international sur la façon de traiter la terre, les intérêts des exploitants vulnérables continueront d'être mis de côté, » a t-il dit en soulignant que les changements climatiques et la croissance démographique sont susceptibles de compliquer davantage la donne en exacerbant les tensions à l'intérieur et entre les pays.

Le CSA qui se réunira entre le 17 et 21 octobre, pourrait adopter des directives complètes sur les droits des exploitants des terres, des éleveurs nomades, et des pêcheurs qui sont tous menacés par les pressions commerciales sur les terres, à condition que les gouvernements dépassent les différends qui ont été révélés lors des négociations qui ont eu lieu avant le sommet. Les directives ne seront pas contraignantes, mais chaque pays sera tenu de préparer des rapports obligatoires sur leur mise en œuvre.

« Si les pays ne font pas l'objet de surveillance internationale et ne sont pas encouragés à partager les rapports avec leur société civile, une grande partie de la valeur ajoutée des directive sur la gestion des terres sera perdue. Les Etats n'ont rien à craindre. Il y a des grands avantages à gagner en adoptant les directives, surtout pour régler les conflits, » a estimé M. de Schutter.

« Cela pourrait renverser la situation actuelle où les pays font une course vers le bas pour attirer les investissements, en démantelant les protections dont bénéficient les exploitants des terres. Le coût d'un échec serait élevé. En l'absence d'un consensus international, les fonds d'investissements auront le champs libre, au détriment des petits exploitants, » a expliqué le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation.

Des investissements nocifs peuvent uniquement être empêchés à l'aide de règles qui protègent les droits des fermiers, des pêcheurs et des éleveurs. Les Etats doivent se méfier des dangers de la spéculation sur la terre et d'une concentration trop élevée de la propriété des terres.

« Nous devons nous défaire de l'illusion que des investissements à grande échelle seraient l'unique façon de développer l'agriculture et de garantir une satisfaction de la demande alimentaire, » a conclu M. de Schutter.