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Mexique : l'ONU s'inquiète des attaques contre les journalistes

Rupert Colville, porte-parole de la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
Rupert Colville, porte-parole de la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.

Mexique : l'ONU s'inquiète des attaques contre les journalistes

Le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a exprimé vendredi son inquiétude concernant les attaques contre les journalistes au Mexique dont plusieurs ont été assassinés. Cette flambée de la violence illustre l'insécurité grandissante, la situation particulièrement difficile et exposée des journalistes et la détérioration de la liberté d'expression dans le pays.

Le dernier assassinat de journaliste en date remonte à vendredi dernier, quand le corps mutilé et décapité de la journaliste Maria Elisabeth Macia a été retrouvé dans la ville de Nuevo Laredo. Mme Macia était employée au journal Primera Hora et elle était connue pour ses écrits critiques des groupes violents. Un message rédigé à la main, apparemment par le cartel de drogue Zeta, a été retrouvé à côté de son corps et disait qu'elle avait été tuée en représailles aux articles postés sur internet.

Onze jours plus tôt, le 13 septembre, un couple avait été retrouvé mort, suspendu à un pont à Nuevo Laredo avec un message avertissant du sort réservé à ceux qui s'expriment sur internet.

« Il est évident que ces assassinats sont conçus pour envoyer un message dissuasif pour faire taire tous ceux qui envisageraient de parler de la violence des trafiquants de drogue et pour contrer les campagnes des autorités qui encouragent les dénonciations anonymes d'activités criminelles, » a dit le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d'un point de presse à Genève.

Pendant le seul mois de septembre, le bureau du HCDH au Mexique a publiquement condamné l'assassinat de trois autres journalistes ainsi que d'autres meurtres atroces. Le 27 septembre, cinq têtes décapitées ont été retrouvées dans un sac contenant aussi d'autres messages de menaces dans la ville d'Acapulco.

Le 20 septembre, deux camions contenant les cadavres de 23 hommes et 12 femmes, qui avaient tous été torturés avant d'être tués, avaient été abandonnés dans une rue très fréquentée de la ville de Veracruz. Le HCDH suit cette affaire et vérifie actuellement des informations selon lesquelles des journalistes auraient été braqués avec des armes à feu à la morgue de Veracruz alors qu'ils enquêtaient sur cette affaire.

« Nous comprenons le défi devant lequel se trouve le gouvernement mexicain dans sa lutte contre cette poussée de violence. Cependant, nous sommes également très préoccupés de l'impunité prévalant qui semble entourer ces assassinats, ainsi que d'autres formes de criminalité. Nous somme particulièrement inquiets des informations selon lesquelles certains crimes auraient été commis avec l'accord tacite d'agents de l'Etat, » a déclaré M. Colville.

« Nous exhortons les autorités mexicaines à lancer des enquêtes complètes et impartiales sur ces affaires. Nous leur rappelons leur obligation de protéger toutes les personnes au Mexique des menaces et d'assurer que chacun puisse profiter de ses droits fondamentaux, particulièrement le droit à la vie, à la sécurité et à la liberté d'expression, » a-t-il poursuivi.