L'UNESCO condamne le meurtre de trois journalistes mexicains
La Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a condamné mardi le meurtre de trois journalistes mexicains, María Elizabeth Macía, María Yarce Viveros et Rocio González Trápaga.
« Je condamne le terrible meurtre de María Elizabeth Macía », a déclaré la Directrice générale. « María Elizabeth Macía est l’un des trop nombreux journalistes courageux, parmi lesquels plusieurs femmes, tués pour leur intégrité en tant que journaliste et parce qu’ils écrivaient sur les activités du crime organisé. Il est essentiel pour la démocratie et pour le rétablissement de l’Etat de droit que les journalistes et les rédacteurs en chefs puissent faire leur travail sans craindre pour leur vie ».
Le corps décapité de la rédactrice en chef de 39 ans de Primera Hora, un journal de Nuevo Laredo, dans l’Etat de Tamaulipas, a été retrouvé le 24 septembre. Un message établissant un lien entre le meurtre et les articles de María Elizabeth Macía a été trouvé sur le corps.
María Elizabeth Macía utilisait les réseaux sociaux pour diffuser des informations sur les activités du crime organisé dans sa région. Elle est la quatrième femme journaliste tuée au Mexique depuis le début de l’année.
Dans un communiqué séparé Mme Bokova a également condamné le meurtre de Rocio González Trápaga et Ana María Yarce Viveros et a demandé à ce que des enquêtes soient ouvertes pour faire la lumière sur ces crimes.
« Le nombre très élevé de victimes parmi les journalistes mexicains constitue une grave atteinte à la société dans son ensemble. Il prive les journalistes de ce droit de l'homme fondamental qu'est la liberté d'expression. La violence contre les médias encourage par ailleurs l'autocensure et limite de fait le droit de la population mexicaine à bénéficier d'un débat libre et éclairé, essentiel à toute démocratie », a-t-elle ajouté.
Les corps des deux journalistes ont été retrouvés, portant des marques de strangulation, dans un parc de Mexico le 1er septembre. Ils avaient été kidnappés alors qu'ils quittaient leur lieu de travail le 31 août et, d'après des informations parues dans la presse locale, la façon dont ils ont été tués porte la marque des meurtres commis par les cartels de la drogue.
Ana María Yarce Viveros, 48 ans, avait fondé l'hebdomadaire Contralínean. D'après Reporters sans frontières, le magazine était la cible de mesures d'intimidation et d'un harcèlement judiciaire depuis quelques années.
Rocio González Trápaga, 48 ans également, était un journaliste indépendant qui avait travaillé pour Televisa.
Reporters sans frontières indique que ces deux meurtres portent à 80 le nombre de professionnels des médias tués au Mexique depuis 2000. Six des victimes étaient des femmes.