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Le Niger sonne l'alarme sur la menace terroriste et l'insécurité alimentaire

Le Niger sonne l'alarme sur la menace terroriste et l'insécurité alimentaire

Le désert du Sahara à la frontière entre le Mali et le Niger.
Dans un discours devant l'Assemblée générale des Nations Unies, le Président du Niger, Mahamadou Issoufou, a alerté vendredi la communauté internationale sur les dangers de la menace terroriste, les répercussions du conflit libyen et sur la sécheresse et l'insécurité alimentaire qui frappent le pays.

« Je voudrais, du haut de cette tribune, renouveler notre appel en vue d'aider le Niger qui, en plus des menaces amplifiées par la crise libyenne, menaces terroristes, menaces des organisations criminelles de tout genre, doit faire face à une insécurité alimentaire sévère », a déclaré M. Issoufou.

« Sachant d'ores et déjà que la présente campagne agricole va être très fortement déficitaire, nous avons décidé de mettre en œuvre un programme d'irrigation d'urgence, de reconstituer nos stocks de sécurité alimentaire et d'alerter la communauté internationale », a-t-il ajouté.

« Le terrorisme, vous le savez bien, s'en prend aux valeurs qui constituent l'essence même de la Charte des Nations Unies : respect des droits humains, primauté du droit, règles de la guerre qui protègent les civils, tolérance et entre les peuples et les nations, règlement pacifique des conflits.

Au Niger, nous faisons face à cette menace à nos frontières Nord avec l'Algérie, Ouest avec le Mali, et Sud avec le Nigéria », a-t-il expliqué.

Le Président nigérien a exprimé une pensée pour les otages français, enlevés le 16 septembre 2010, à Arlit, et a rendu hommage à la mémoire des deux jeunes Français enlevés, à Niamey, en janvier 2011 et qui ont trouvé la mort au cours de l'opération organisée pour leur libération. Il a aussi salué les éléments des Forces de défense et de sécurité nigériennes pour avoir payé de leur vie leur engagement à protéger le pays contre le terrorisme.

Au terrorisme vient s'ajouter les menaces telles que les organisations criminelles trafiquant des armes, des drogues, et des êtres humains et qui sont amplifiées par la crise libyenne, a-t-il souligné.

« Des dépôts d'armes ont été pillés en Libye. Ces armes sont aujourd'hui disséminées dans toute la zone sahélo-saharienne avec le risque d'échouer entre des mains terroristes. Tenant compte du caractère régional des menaces, le Niger est déterminé à mutualiser ses efforts avec ceux des autres pays, notamment de la sous-région, afin de faire face à la situation », a proposé M. Issoufou.

Le Président nigérien craint une déstabilisation de toute la sous-région et souhaite une sortie rapide de la crise, le Niger devant faire face au rapatriement de plus de 210.000 migrants.

« La situation nous préoccupe d'ailleurs d'autant plus que les institutions démocratiques que nos pays s'efforcent de mettre en place sont encore fragiles. La situation nous préoccupe d'autant plus que la pauvreté qui y règne constitue un terreau fertile sur lequel le terrorisme peut prospérer », a expliqué M. Issoufou.

« Le drame des sécheresses récurrentes que vit le Niger justifie à elles seules notre décision de restructurer notre économie. Notre pays dispose d'importantes ressources du sous-sol : uranium, or, charbon, ciment, déjà en exploitation et pétrole dont le premier baril sera produit avant la fin de l'année. Alors qu'elle est cause de malédiction ailleurs, l'exploitation de ces ressources se fera au seul profit du peuple nigérien », a-t-il assuré.

Enfin, il a salué la médiation de l'ONU, de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

« Nous souscrivons à cet égard à toute démarche tendant à la recherche de la paix par la médiation, cela aussi bien pour les conflits ouverts que les conflits potentiels. Nous estimons également que la prise en compte de cette question dans les activités du Département des affaires politiques des Nations Unies constitue une avancée positive à encourager », a-t-il conclu.