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Violence sexuelle dans les conflits : l'ONU veut rompre avec l'impunité

En République démocratique du Congo (RDC), des femmes victimes de violences sexuelles reçoivent des soins médicaux et un soutien psychologique à l’hôpital de Panzi, à Bukavu.
En République démocratique du Congo (RDC), des femmes victimes de violences sexuelles reçoivent des soins médicaux et un soutien psychologique à l’hôpital de Panzi, à Bukavu.

Violence sexuelle dans les conflits : l'ONU veut rompre avec l'impunité

Lors d'un mini-sommet sur la coopération entre Etats membres pour la prévention des violences sexuelles dans les conflits qui a eu lieu jeudi à New York, le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé une nouvelle fois à mettre fin à l'impunité.

« En 2009, j'ai visité l'hôpital HEAL Afrique dans l'est de la République démocratique du Congo. Ce que j'y ai vu m'a choqué, attristé et par dessus tout a suscité ma colère. J'ai rencontré des femmes, des filles et des garçons qui avaient été violés et avaient subi des abus horribles. Leurs corps meurtris et leurs vies dévastés et cela faisait part d'une stratégie de guerre. J'ai quitté la région avec la détermination de faire plus pour aider les victimes et pour mettre un terme à l'impunité des auteurs, » a dit le Secrétaire général dans un discours.

La violence sexuelle dans les situations de conflit et post-conflit occupe de plus en plus l'attention du Conseil de sécurité. Les résolutions 1820, 1888 et 1960 ont toutes reconnu la violence sexuelle dans les situations de conflit comme une violation grave des droits de l'homme et une menace à la paix et à la sécurité.

« Il y a maintenant deux ans que la résolution 1888 a octroyé un mandat de protection des populations contre la violence sexuelle aux missions de maintien de la paix partout dans le monde où les conflits existent. Cette réunion est l'occasion de dresser un bilan, » a poursuivi Ban Ki-moon.

De son côté, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les violences sexuelles dans les conflits, Margot Wallström, a rappelé que la nature changeante des conflits armés a placé plus que jamais auparavant les civils en première ligne.

Dans de nombreux conflits aujourd'hui, la violence sexuelle est devenue une arme de choix, peu chère et brutalement efficace pour briser les individus et les communautés. La violence sexuelle est la seule violation des droits de l'homme considérée comme inévitable, qui fait partie des conflits depuis le monde antique.

« Au-delà du traitement de la violence sexuelle comme un problème de santé, nous avons commencé à identifier des façons de la prévenir puisqu'il s'agit bien d'une menace à la sécurité. Depuis le début de mon mandat, j'ai souligné que la violence sexuelle n'est ni culturelle, ni même sexuelle, mais criminelle. Nous devons donc traiter la violence sexuelle comme crime, et un crime international, » a rappelé Mme Wallström.

Alors que les auteurs de ces crimes doivent être traduits devant la justice, il ne faut pas oublier la justice pour les victimes. Cela veut dire qu'il faut leur donner la reconnaissance, des réparations et l'accès aux services qui les aideront à surmonter leurs séquelles physiques et morales.

« Il y a un besoin urgent de ressources pour financer des programmes de santé et de réhabilitation, et les communautés dans les zones de conflits continueront de dépendre de vous pour cela. Les fournisseurs de services et les défenseurs des droits de l'homme doivent bénéficier d'un minimum de sécurité pour pouvoir faire leur travail vital. Avant tout, nous devons montrer que la cause n'est pas désespérée. C'est une lutte que nous pouvons mener et que nous devons gagner, » a dit Mme Wallström à l'attention des participants de ce mini-sommet.