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L'ONU appelle à investir plus dans l'alphabétisation

Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement touchées par l'analphabétisme.
Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement touchées par l'analphabétisme.

L'ONU appelle à investir plus dans l'alphabétisation

A l'occasion de la Journée internationale de l'alphabétisation célébrée le 8 septembre, l'ONU a appelé à investir plus dans l'alphabétisation alors que les deux tiers des 793 millions d'adultes analphabètes du monde sont des femmes.

« Malgré des progrès, l'analphabétisme continue de toucher des millions de personnes, surtout des femmes et des filles. En 2009, environ les deux tiers des quelque 793 millions d'adultes analphabètes du monde étaient des femmes. La même année, quelque 67 millions d'enfants en âge de fréquenter l'école primaire et 72 millions d'adolescents ont été privés du droit à l'éducation », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans un message publié a l'occasion de la Journée dont le thème cette année est « L'alphabétisation et la paix ».

« L'alphabétisation est une clef qui permet d'imaginer et de construire un avenir plus épanouissant. Elle ouvre la voie à la justice, à l'égalité et au progrès. Elle peut aider les sociétés à panser leurs blessures, à avancer sur le plan politique et à apporter leur pierre à l'édifice commun », a-t-il ajouté.

Onze pays comptent plus de 50% d'adultes analphabètes. Il s'agit du Bénin, du Burkina Faso, de l'Ethiopie, de la Gambie, de la Guinée, d'Haïti, du Mali, du Niger, du Sénégal, du Sierra Leone et du Tchad. L'Asie du sud et de l'ouest compte pour plus de la moitié (51,8%) de la population analphabète adulte mondiale, devant l'Afrique sub-saharienne (21,4%), l'Asie de l'est et le Pacifique (12,8%), les pays arabes (7,6%), l'Amérique latine et les Caraïbes (4,6%), l'Amérique du nord, l'Europe et l'Asie centrale (2%).

Le Chef de l'ONU a noté que les coûts de l'éducation étaient « énormes » mais a rappelé que « l'analphabétisme exacerbait la pauvreté, les problèmes de santé et le dénuement qui s'enchaînent ».

« La Journée internationale de l'alphabétisation est l'occasion d'affirmer que nous sommes déterminés à faire le nécessaire pour que tous puissent lire et écrire, ce qui renforcera la dignité que possède chaque individu et aidera à atteindre cet objectif universel qu'est la paix », a-t-il conclu.

La Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a également estimé que le monde avait besoin « d'un engagement politique accru en faveur de l'alphabétisation ». « Ce mouvement doit s'accompagner d'une mobilisation de ressources suffisantes, afin de développer les programmes qui ont fait la preuve de leur efficacité », a-t-elle dit dans un message.

« Aujourd'hui, j'exhorte les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé à faire de l'alphabétisation une priorité politique, pour que chaque individu puisse développer son potentiel et participer activement à l'élaboration de sociétés plus durables, plus justes et plus pacifiques », a-t-elle conclu.

L’UNESCO et la firme multinationale Always (Procter & Gamble) ont lancé un partenariat pour promouvoir l’alphabétisation des filles et des jeunes femmes.

Le premier projet lancé dans le cadre de ce partenariat concerne l’alphabétisation des filles au Sénégal, pays dans lequel, en 2006, moins de 45% des femmes savaient lire et écrire. Des kits éducatifs et des documents numériques seront disponibles pour former et assister les 1200 enseignants qui consacreront 600 heures à enseigner l’alphabétisation et les compétences liées à la vie quotidienne au Sénégal.

L’actrice française d’origine sénégalaise, Aïssa Maïga, est la marraine de projet financé à partir d’un pourcentage des ventes générées par certains produits d’hygiène féminine de la firme Always en France et via une page Facebook. Le projet sera mis en œuvre dans les régions de Diourbel, Fatick, Kédougou, Matam, Saint-Louis et Tambacounda.

Irina Bokova s’est félicité « de l’engagement du secteur privé en faveur de l’alphabétisation des filles et des femmes. L’insuffisance de l’éducation est à la fois le résultat et la cause de la persistance de l’écart entre les sexes qui prive les femmes de leur droit à prendre leur vie en main ».

Deux données montrent à quel point il est important d’améliorer le taux d’alphabétisation des filles : le virus du HIV et sida se répand deux fois plus vite chez les femmes analphabètes que chez celles qui savent lire et écrire. Un bébé né d’une mère qui sait lire et écrire a 50% de chances en plus d’atteindre l’âge de cinq ans qu’un enfant né d’une mère analphabète.

Par ailleurs, l'UNESCO a remis jeudi à New Delhi (Inde) les prix internationaux d'alphabétisation Confucius et Roi Sejong, qui récompensent cette année des projets du Burundi, des Etats-Unis, du Mexique et de la République démocratique du Congo.

Dans la capitale indienne, une conférence internationale intitulée « Alphabétisation des femmes pour un développement intégrateur et durable » est également organisée par le gouvernement indien du 8 au 10 septembre dans le cadre de l'Initiative E-9 de l'UNESCO.

Le E-9 rassemble neuf pays à forte population et qui comptent plus des deux tiers des analphabètes adultes et plus de la moitié des enfants non scolarisés du monde : Bangladesh, Brésil, Chine, Egypte, Inde, Indonésie, Mexique, Nigéria et Pakistan.