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Alimentation : la FAO invite à redoubler d'efforts pour garantir des sols fertiles

Un agriculteur au Soudan.
Un agriculteur au Soudan.

Alimentation : la FAO invite à redoubler d'efforts pour garantir des sols fertiles

Le Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Jacques Diouf, a lancé une mise en garde mercredi sur la pression exercée sur les ressources en sols du monde et sur la dégradation des terres qui menacent la sécurité alimentaire de la planète. Il a invité à redoubler d'efforts pour garantir des sols sains et fertiles au profit des générations actuelles et futures.

M. Diouf a pris la parole à l'ouverture d'une réunion de trois jours à Rome convoquée par la FAO pour lancer un nouveau Partenariat mondial sur les sols pour la sécurité alimentaire et l'adaptation au changement climatique et l'atténuation de ses effets, a indiqué la FAO dans un communiqué de presse.

« Le sol est une composante essentielle des systèmes de production et des écosystèmes terrestres », a souligné M. Diouf. « Cependant, il est aussi une ressource fragile et non renouvelable. Il est très facilement soumis à la dégradation et sa régénération est lente, difficile et coûteuse ».

Les ressources en terres du monde entier sont soumises à la pression accrue des utilisations des terres concurrentes. Elles sont en outre touchées par des processus de dégradation qui contribuent à la raréfaction rapide des quantités limitées de sols et d'eau disponibles pour la production vivrière, a fait remarquer M. Diouf.

Selon la FAO, rien qu'en Afrique, 6,3 millions d'hectares de terres agricoles dégradées ont perdu leur fertilité et leur capacité de rétention de l'eau et doivent être régénérées pour satisfaire la demande de nourriture d'une population qui est appelée à plus que doubler au cours des 40 prochaines années.

En 1982, la FAO a adopté une Charte mondiale des sols énonçant les principes de base et les directives de gestion durable et de protection des sols approuvés par les gouvernements et les organisations internationales.

« Il y a cependant un grand retard dans l'application de cette Charte par de nombreux pays et régions du monde. Sa mise en œuvre doit être relancée au plus vite », a déclaré M. Diouf.

Le Partenariat mondial sur les sols contribue non seulement à la mise en œuvre des dispositions de la Charte mondiale des sols, mais aussi à renforcer la sensibilisation et à motiver l'action des décideurs sur l'importance des sols pour la sécurité alimentaire et l'adaptation au changement climatique et l'atténuation de ses effets.

Le Partenariat a également pour vocation d'offrir un environnement de politique propice et des solutions techniques de protection et de gestion des sols, et d'aider à mobiliser des ressources et compétences pour des activités et programmes conjoints.

Le Partenariat mondial sur les sols viendra compléter le Partenariat mondial de l'eau lancé par le Programme des Nations Unies pour le développement et la Banque mondiale en 1996 afin de coordonner la mise en valeur et la gestion de l'eau, des terres et des ressources qui s'y rattachent, dans le but d'accroître le bien-être social et économique sans porter atteinte à la durabilité des systèmes environnementaux vitaux.

Les interventions à court terme visant à acheminer la nourriture, l'eau et les articles de première nécessité tels que semences et engrais pour la relance de l'agriculture sont les réponses classiques aux crises alimentaires et aux phénomènes météorologiques extrêmes comme dans la Corne de l'Afrique. Toutefois, des mesures à plus long terme et de plus grande envergure sont nécessaires pour renforcer la capacité de résister à la dégradation, à la sécheresse et au changement climatique et réduire la vulnérabilité des hommes aux catastrophes.

La crise de la Corne de l'Afrique, avec la famine sévissant en Somalie, est la plus grave urgence de sécurité alimentaire dans le monde aujourd'hui. Outre les problèmes d'insécurité et de gouvernance, la crise est due en grande partie aux politiques et pratiques inadéquates de gestion des sols et des eaux.

La réunion de Rome devrait entamer les travaux sur un Plan d'action pour la gestion durable des sols, en élaborant des synergies entre les partenaires et en fédérant le travail entrepris séparément sur les levés, les évaluations et la surveillance des sols, la productivité des sols, le carbone dans le sol, la biodiversité et l'écologie des sols et la conservation des sols et des eaux.