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Un expert de l'ONU exhorte le Myanmar à renforcer les droits de l'homme

Le Rapporteur spécial Tomás Ojea Quintana avec des enfants lors d'une visite au Myanmar en 2008.
Le Rapporteur spécial Tomás Ojea Quintana avec des enfants lors d'une visite au Myanmar en 2008.

Un expert de l'ONU exhorte le Myanmar à renforcer les droits de l'homme

Le Rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, Tomás Ojea Quintana, a exhorté jeudi le gouvernement du Myanmar à redoubler d'efforts pour mettre en œuvre ses propres engagements et à respecter ses obligations en matière de droits l'homme.

« Nous sommes à un moment clé dans l'histoire du Myanmar avec de réelles opportunités pour un développement positif dans le respect des droits de l'homme et la transition démocratique. Le nouveau gouvernement a entrepris une série d'initiatives dans ce sens. Néanmoins, de nombreux problèmes en matière de respect des droits de l'homme demeurent », a déclaré le Rapporteur spécial au terme d'une mission de cinq jours dans le pays.

Parmi les priorités de la communauté internationale, M. Quintana a cité la détention d'un grand nombre de prisonniers politiques. Leur libération est nécessaire pour atteindre la réconciliation nationale et serait un pas en avant vers une démocratisation du pays.

En décembre dernier, M. Quintana avait appelé le gouvernement du Myanmar à libérer les prisonniers politiques dont au moins 2.202 restaient incarcérés un mois après la libération de la dirigeante de l'opposition pro-démocratique et lauréate du prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi. De nombreux prisonniers tombent gravement malade à cause des mauvaises conditions de détention.

« L'usage de la torture et de mauvais traitements pendant les interrogatoires sont courantes ainsi que l'utilisation de prisonniers comme porteurs pour les forces militaires et le transfert de prisonniers dans des prisons éloignées où ils sont incapables de recevoir la visite de leurs familles et ne peuvent pas obtenir de suppléments de nourriture ou des médicaments essentiels », a indiqué M. Quintana dans son communiqué de presse publié jeudi à Yangon.

Durant sa mission, le Rapporteur spécial a pu rencontrer Mme Suu Kyi, plusieurs ministres du gouvernement et d'autres personnalités politiques. Il a aussi visité le Parlement en session à Naypyitaw et s'est rendu à la prison d'Insein.

Les tensions ethniques dans plusieurs régions sont également une source d'inquiétude puisqu'elles engendrent des conflits armés et des violations des droits de l'homme tels que des exactions contre les populations civiles, des meurtres, des violences sexuelles, des arrestation et détentions arbitraires, des déplacement internes, des confiscations de terre, le recrutement d'enfants soldats et le travail forcé.

« J'appelle les autorités et les groupes armés à assurer la protection des civils dans les zones de conflit et à accélérer les mesures pour trouver des solutions politiques aux conflits, » a dit M. Quintana.

Parmi ses recommandations, le Rapporteur spécial a encouragé le gouvernement à enquêter sur les violations des droits de l'homme de façon indépendante, impartiale et crédible.

« La justice, la responsabilité et l'établissement des faits sont fondamentaux pour permettre au Myanmar de faire face à son histoire afin de pouvoir avancer vers la réconciliation nationale, » a affirmé M. Quintana.

Les experts indépendants des Nations Unies, dont M. Quintana, répondent au Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève. Ils travaillent de façon indépendante et bénévole.