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Somalie : timides progrès politiques sur fond de catastrophe humanitaire

Des milliers de personnes déplacées par la sécheresse ont trouvé refuge dans la capitale somalienne Mogadiscio.
Des milliers de personnes déplacées par la sécheresse ont trouvé refuge dans la capitale somalienne Mogadiscio.

Somalie : timides progrès politiques sur fond de catastrophe humanitaire

Intervenant par vidéoconférence depuis Mogadiscio, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, Augustine Mahiga, a fait le point devant le Conseil de sécurité sur la situation politique et humanitaire dans ce pays.

Intervenant par vidéoconférence depuis la capitale somalienne Mogadiscio, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, Augustine Mahiga, a fait le point mercredi devant le Conseil de sécurité sur la situation politique, sécuritaire et humanitaire dans ce pays.

Sur le plan politique, Dr Mahiga s'est félicité des progrès réalisés depuis la signature de l'accord de Kampala le 9 juin entre le Gouvernement fédéral de transition (GFT) et le Parlement fédéral de transition (PFT) qui a mis un terme à un blocage politique de cinq mois. Un nouveau Premier ministre a été nommé et approuvé par le Parlement, et celui-ci a désigné son équipe ministérielle de 18 membres. Le calendrier établi dans l'accord est donc respecté.

« C'est un moment critique du processus de paix somalien et pour le pays. Nous sommes au début de la mise en œuvre de la feuille de route qui définit une série de tâches à entreprendre dans les douze mois à venir. D'abord, la feuille de route doit être adoptée lors de la réunion consultative pour mettre fin à la transition en Somalie, du 4 au 6 septembre à Mogadiscio », a expliqué le Représentant spécial.

Cette réunion a été préparée avec le soutien du Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie (UNPOS). L'adoption de cette feuille de route sera un message fort affirmant que les progrès politique réels sont enfin possibles. La réussite du projet demande une implication solide et sans équivoque de la communauté internationale à la fois sur le plan politique, humanitaire et sécuritaire. Une initiative régionale de suivi sera mise en place en même temps pour éviter toute obstruction ou inaction de la part des Institutions fédérales de transition (IFT), a souligné M. Mahiga.

Sur le plan sécuritaire, le retrait soudain et inattendu des insurgés Al Shabaab de Mogadiscio a ouvert la voie pour que les IFT exercent leur autorité sur l'ensemble de la capitale pour la première fois depuis de nombreuses années. Cela offre la possibilité d'apporter une aide humanitaire aux milliers de déplacés qui ont cherché refuge dans la ville pour échapper à la famine dévastatrice qui frappe la région.

« Les Al Shabaab ont affirmé que leur retrait était tactique, mais la vérité c'est qu'ils ont été obligés de quitter la ville. Je tiens à rendre hommage aux forces du GFT et à la force de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) pour leurs efforts et leurs sacrifices », a déclaré M. Mahiga au Conseil de sécurité.

Le retrait soudain des insurgés et la propagation rapide de la famine pose cependant des nouveaux défis qui forcent l'UNPOS et le GFT à revoir radicalement la planification. Les zones passées sous leur contrôle doivent rapidement être occupées pour apporter des structures administratives et faire respecter l'ordre afin d'éviter que le vide laissé par les Al Shabaab soit rempli par des milices armées échappant au contrôle du GFT.

« Les événements que nous avions anticipés dans un an ou 18 mois se produisent en ce moment. Le GFT doit immédiatement assurer un rôle de coordination afin de placer les milices locales sous son autorité. Nous devons également faire en sorte que l'activité économique reprenne, particulièrement dans le marché de Bakaara, le centre commercial de la ville qui vient d'être arraché au contrôle des insurgés », a dit Augustine Mahiga.

Dans son exposé, le chef de la mission onusienne en Somalie fait appel à la communauté internationale pour accélérer le processus de renforcement des capacités du GFT, notamment par le déploiement d'une force de police pour appuyer les forces de police somaliennes encore insuffisantes pour protéger la population civile et pour faire respecter le droit.

« Le Commandant de l'AMISOM fait face à un dilemme quant au déploiement de ses forces sur une zone d'opérations très élargie sans les moyens nécessaires ou les effectifs complets autorisés par le Conseil de sécurité. En même temps, les forces sont sollicitées par les travailleurs humanitaires qui ont besoin de protection pour faire parvenir l'aide, ce qui pèse également sur les forces limitées de la mission », a averti le Représentant spécial.

La situation humanitaire de la Somalie est grave. Près de la moitié de la population, soit 3,7 millions de personnes sont victimes de la famine et des dizaines de milliers sont déjà mortes de faim. La plupart des personnes les plus vulnérables résident au sud du pays et la famine continue de se propager dans le sud et le centre du pays.

« Dans certains endroits du Bas Shabelle et autour de Mogadiscio, notamment parmi les déplacés internes, plus de 13 enfants sur 10.000 meurent chaque jour des conséquences de la malnutrition et de maladies causées par la famine. Cela veut dire que tous les 5 jours, 10% des enfants âgés de moins de cinq ans meurent », a expliqué M. Mahiga.

Selon lui, il n'est pas trop tard pour réagir alors que chaque jour compte. Les besoins sont estimés à un milliard de dollars qui doivent être acheminés à l'aide de la procédure d'appel global pour éviter que la situation ne se dégrade davantage.