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Corne de l'Afrique : face à l'urgence, l'ONU appelle à mobiliser plus de fonds

Une femme somalienne avec son enfant.
Une femme somalienne avec son enfant.

Corne de l'Afrique : face à l'urgence, l'ONU appelle à mobiliser plus de fonds

L'ONU a appelé vendredi la communauté internationale à octroyer davantage de fonds pour le financement des opérations d'assistance, estimant les besoins à 1,4 milliard de dollars supplémentaires.

Alors qu'en Somalie la reprise des combats dans la capitale, Mogadiscio, complique encore davantage la distribution de l'aide, le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) a appelé vendredi la communauté internationale à octroyer davantage de fonds pour le financement des opérations d'assistance, estimant les besoins des 12,4 millions de personnes affectées par la faim et la sécheresse à 1,4 milliard de dollars supplémentaires.

« L'appel précédent pour la Corne de l'Afrique a été révisé et évalué à 2,4 milliards de dollars, sur lesquels un milliard de dollars a été récolté, il reste toujours 1,4 milliard à débloquer », a déclaré vendredi une porte-parole d'OCHA, Vanessa Huguenin, lors d'une conférence de presse à Genève, en Suisse.

A Mogadiscio, le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a de nouveau exprimé vendredi son inquiétude concernant la protection des civils dans la capitale somalienne avec la reprise des combats entre les forces pro- et anti-gouvernementales.

« Une offensive menée par les forces pro-gouvernementales dans et autour des marchés de Bakara et Balcad, les deux marchés les plus importants situés au cœur de Mogadiscio, a augmenté les risques pour les citoyens de la capitale ainsi que pour les 100.000 déplacés internes ayant fui la sécheresse et la famine dans les régions voisines ces derniers mois », a fait savoir une porte-parole du HCR, Fatoumata Lejeune-Kaba, lors d'une conférence de presse à Genève, en Suisse.

« Le personnel du HCR à Mogadiscio est resté confiné dans l'enceinte des bureaux de l'agence, du fait de l'escalade de la violence dans le quartier de Wardhiglleey en milieu de matinée. De nombreux habitants avaient déjà fui cette zone ces derniers mois du fait de précédents affrontements violents », a-t-elle précisé.

Le HCR a mené une évaluation de la protection dans l'une des plus importantes installations de déplacés à Mogadiscio, Badbado, à neuf kilomètres du centre de la ville.

« Conjointement avec d'autres agences, nous mènerons une évaluation dans 10 autres installations ces prochains jours », a assuré Mme Lejeune-Kaba.

Parallèlement, le nombre des Somaliens qui ont fui leur pays d'origine cette année pour échapper aux effets combinés du conflit, de la sécheresse assortie de la récente famine ont désormais dépassé les 75.000 personnes dans les camps de Dollo Ado en Ethiopie et 114.000 dans le complexe des camps de Dadaab au Kenya, y compris les personnes qui n'ont pas encore été enregistrées. L'afflux continue avec 240 arrivants par jour à Dollo Ado et 1.300 arrivants par jour à Dadaab. Une augmentation des arrivées est attendue du fait de la reprise des combats à Mogadiscio.

Dans la zone de Dollo Ado en Ethiopie, les nouveaux réfugiés continuent à arriver, et selon le HCR, ils sont faibles et émaciés à cause de la faim et d'une longue marche depuis leurs villages, principalement dans les régions de Bay, Bakool et Gedo au sud de la Somalie. La région de Souther Bakool est l'une des régions de Somalie où a été déclarée la situation de famine. Un enfant sur trois arrivants à Dollo Ado depuis la Somalie souffre de malnutrition, précise le HCR.

Le HCR et ses partenaires continuent le travail urgent pour achever l'équipement de Hilaweyn, le quatrième camp de réfugiés dans la zone de Dollo Ado. Ce camp pourra abriter environ 14.000 réfugiés attendant le transfert vers le centre de transit surpeuplé de Dollo Ado. L'installation des infrastructures d'assainissement et de distribution d'eau dans le nouveau camp est l'une des principales conditions préalables à son ouverture.

« La malnutrition demeure une préoccupation majeure à Dollo Ado. Le taux de malnutrition aiguë parmi les nouveaux arrivants est de 30%. A cause de la gravité de la situation à l'intérieur de la Somalie, la malnutrition affecte un grand nombre d'enfants âgés entre 5 et 18 ans, en plus des enfants âgés de moins de cinq ans qui sont habituellement les plus sévèrement affectés », a expliqué la porte-parole.

« Environ 80% des nouveaux arrivants sont âgés de moins de 18 ans, ce qui nécessite l'examen de tous les enfants pour qu'ils puissent bénéficier d'un programme de nutrition thérapeutique et complémentaire si besoin », a-t-elle ajouté.

« A Dadaab, dans le complexe des camps de réfugiés, le travail continue pour le transfert des réfugiés qui s'étaient installés spontanément à la périphérie du camp d'Ifo, l'un des trois camps de Dadaab », a précisé la porte-parole du HCR.

Dadaab est un complexe de trois camps contigus situé dans le désert à environ 80 kilomètres de la frontière somalienne et d'une superficie de 50 kilomètres carrés. Les équipes des agences et des organisations humanitaires présentes à Dadaab tentent de faire face, depuis le début de l'année, à l'afflux massif de plus de 114.000 nouveaux arrivants ayant fui les conflits, la sécheresse et la famine dans leur pays d'origine. Le complexe de Dadaab a été établi en 1991 avec une capacité d'accueil initiale de 90.000 personnes. Le site avait été officiellement déclaré plein en 2008, lorsque l'allocation de parcelles avait été stoppée.

Lundi, le HCR avait commencé à les transférer vers le nouveau site Ifo Extension, qui fournira un hébergement sous tente à 90 000 réfugiés d'ici la fin novembre. Des latrines et des réservoirs d'eau ont été construits et sont déjà utilisés par les 734 familles (soit 3 207 personnes) transférées dans ce site.

Les sites connus précédemment sous les noms d'Ifo 2 et Ifo 3 ont été fusionnés pour former le nouveau site Ifo Extension. Les infrastructures – dont la construction sera bientôt achevée – comprendront une clinique, trois écoles et quatre trous de forage pour l'ensemble des résidents de ce site. Plus de 100 maisons, dont la construction sera bientôt finie, seront allouées à des familles réfugiées extrêmement vulnérables.

« Alors que les ponts aériens du HCR ont permis d'acheminer des milliers de tentes à Dadaab, il en manque encore pour couvrir les besoins de la population réfugiée croissante. Quelque 45.000 tentes supplémentaires sont nécessaires pour fournir un abri d'urgence. Depuis le début de l'année, quelque 114.000 Somaliens sont arrivés à Dadaab, dont environ 30.000 se trouvent hors des camps de réfugiés et attendent d'être enregistrés », a conclu Mme Lejeune-Kaba.

Suite à la réunion d'urgence sur la crise alimentaire et humanitaire dans la Corne de l'Afrique qui s'est tenue à Rome le 25 juillet à la demande de la Présidence française du G20, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) se sont félicites dans un communiqué « de la très forte mobilisation de la communauté internationale pour répondre à la détresse de la région ».

« Cette mobilisation entend tout d'abord relever le défi de l'urgence humanitaire et alimentaire en coordonnant la réponse des agences internationales et des organisations humanitaires et en rassemblant les financements nécessaires », indiquent vendredi les deux agences onusiennes dans leur communiqué.

« Au-delà de l'urgence, il faudra mettre en place des solutions de long terme garantissant la sécurité alimentaire de la Corne de l'Afrique. Il n'y aura pas de solution durable à la crise sans des mesures garantissant l'autonomie alimentaire des pays de la région, le développement de l'agriculture vivrière, l'appui au pastoralisme et un réinvestissement massif dans l'agriculture et l'élevage de la région », poursuit le communiqué.

« Cette mobilisation ne doit pas faiblir », concluent les deux agences.