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Somalie : le chef du HCR lance un cri d'alarme

Le chef du HCR, Antonio Guterres (à gauche) discute avec des réfugiés somaliens au Kenya.
Le chef du HCR, Antonio Guterres (à gauche) discute avec des réfugiés somaliens au Kenya.

Somalie : le chef du HCR lance un cri d'alarme

En visite dans des camps de réfugiés somaliens au Kenya, le Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, a estimé que la Somalie était le théâtre de l'une des pires tragédies humanitaires au monde.

« J'estime que la Somalie est le théâtre de l'une des pires tragédies humanitaires au monde », a déclaré le Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Antonio, Guterres, alors qu'il visitait dimanche les camps de Dadaab, au Kenya, qui accueillent des dizaines de milliers de réfugiés somaliens.

L'accès des agences humanitaires en Somalie est actuellement très limité. « Nous devons faire notre possible pour pouvoir livrer une assistance humanitaire massive à l'intérieur même de la Somalie », a déclaré M. Guterres devant les journalistes qui l'accompagnaient.

António Guterres a passé la journée de dimanche au sein du complexe tentaculaire de Dadaab, comptant trois camps de réfugiés, Dagahaley, Hagadera et Ifo, pour se rendre compte de la situation désespérée de milliers de Somaliens y arrivant désormais chaque semaine. L'Afrique de l'Est connaît la pire sécheresse depuis 60 ans.

Le chef du HCR s'est entretenu avec de nouveaux arrivants, a visité des centres d'enregistrement, des dispensaires et des points de distribution de nourriture. Il a écouté les témoignages de travailleurs humanitaires sur le lourd tribut que la sécheresse fait payer aux nouveaux arrivants somaliens, tout spécialement les jeunes enfants.

« Nous sommes en pleine crise », a déclaré Allison Oman, chargée au HCR des questions de nutrition et de sécurité alimentaire au niveau régional. « Nous avons besoin de mettre en œuvre des mesures extraordinaires pour leur venir en aide. »

La situation alarmante à Dadaab est relative au nombre croissant des arrivées depuis la Somalie ainsi qu'au taux élevé de décès, en particulier parmi les jeunes enfants. Chez les enfants de moins de cinq ans, les décès ont été multipliés respectivement par 3,2 et 3,8 dans les camps d'Ifo et d'Hagadera par rapport aux de 2010. Dans le camp de Dagahaley, l'augmentation est six fois supérieur au taux de l'année dernière.

Les familles arrivent à Dadaab dans un état d'épuisement à la limite de la survie. Les travailleurs humanitaires sont confrontés à une course contre la montre pour identifier les personnes ayant besoin de soins urgents. Tous les nouveaux réfugiés sont enregistrés et reçoivent de la nourriture. Cependant il est parfois trop tard pour enrayer la dégradation de l'état de santé de certains parmi eux. Les infections des voies respiratoires inférieures, telles que la bronchite ou la pneumonie, sont la principale cause des décès, suivies de la malnutrition et de la diarrhée.

António Guterres a écouté une réfugiée témoigner de sa fuite depuis la Somalie durant laquelle elle a dû marcher pendant des semaines. Trois de ses enfants ont trouvé la mort durant ce trajet. « J'ai cru devenir folle après le décès de trois de mes enfants », lui a expliqué Musleema Aden. « J'ai perdu mes enfants à différentes périodes du voyage. »

Ces dernières semaines, Dadaab – et les camps de Dollo Ado en Ethiopie voisine – a dû faire face à un afflux sans précédent de personnes fuyant la sécheresse en Somalie dont les effets sont encore amplifiés par le conflit. A l'intérieur de la Somalie, les mauvaises récoltes et la quasi-absence d'aide génèrent un quadruplement des prix. Selon le HCR, la plupart des personnes attendent le dernier moment pour fuir, ce qui explique leur état de santé dégradé.

Dadaab hébergeait déjà plus de 300.000 personnes avant la crise. Le complexe voit aujourd'hui sa population approcher des 400.000. Les réfugiés arrivent en masse dans les zones déjà surpeuplées des principaux camps, où les travailleurs humanitaires font leur possible pour les aider.