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La Libye a besoin d'une aide humanitaire de toute urgence, selon le HCR

La Libye a besoin d'une aide humanitaire de toute urgence, selon le HCR

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La Libye fait face à d'importants déplacements de population et à une situation de violence généralisée, et les organisations libyennes ont besoin d'aide, de manière urgente, pour approvisionner la population en biens et en services de base, a constaté le personnel du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), suite à une visite à Tripoli et dans les zones de conflit au sud et à l'est de la capitale libyenne.

Le HCR a participé à deux missions inter-agences en Libye. La première s'est déroulée à Tripoli et dans les zones contrôlées par le gouvernement près de la ligne de front de Misrata et de la ligne de front dans la zone de Gharyan. Cette mission a été coordonnée par le gouvernement libyen. « Néanmoins le HCR et le personnel des Nations Unies ont été capables de parler assez librement avec certains groupes de personnes », a souligné l'agence onusienne par communiqué, ajoutant que le gouvernement devait répondre aux besoins d'environ 49.000 personnes déplacées dans la région de Zliten/Tripoli.

La seconde mission s'est déroulée dans la ville de Misrata aux mains de l'opposition. L'équipe du HCR s'est rendue près de la ligne de front et a assisté aux efforts pour soutenir les personnes touchées par le conflit.

La mission a entendu des informations faisant état de partialité dans l'acheminement de l'aide. « Nous n'avons pas pu vérifier ces informations », a précisé un porte-parole du HCR, Adrian Edwards, lors d'une conférence de presse à Genève.

Le porte-parole a expliqué que les personnes déplacées rencontrées par son personnel semblaient s'adapter malgré des circonstances difficiles. La plupart sont hébergées dans des hôtels, des dortoirs et des maisons en bord de mer. Elles reçoivent l'assistance du gouvernement et de certains organismes de bienfaisance privés. « Cependant, une crise de l'aide pourrait être imminente. Si les entrepôts sont actuellement bien approvisionnés en denrées alimentaires de base, il est évident que l'impact combiné d'un long conflit et de sanctions érodent la capacité du gouvernement à fournir une assistance efficace. Le point de vue de la mission inter-agences est que, si cette situation continue, l'aide internationale sera nécessaire dans une affaire de semaines », a dit le porte-parole.

À Tripoli, de longues files d'attente devant les stations d'essence - la mission a mesuré une file de 8,2 km de long- ont une incidence sur la vie normale. Les pénuries de produits essentiels combinées avec l'intensification des combats augmentent les niveaux de stress pour la population.

De l'autre côté des lignes de front et à Misrata, la mission inter-agences a rencontré des membres du Conseil transitoire de Misrata. Le HCR a été informé qu'il y aurait environ 25.000 personnes déplacées dans la ville, ce qui représente environ 5.000 familles. La plupart sont hébergés par des familles d'accueil et des parents, tandis que d'autres restent dans les écoles et les bâtiments neufs inoccupés. Dans de nombreux cas, les familles libyennes accueillent jusqu'à sept ou huit personnes déplacées dans leurs maisons, « une situation qui est certainement insoutenable », note le HCR, ajoutant que « les gens n'ont pas reçu de salaire depuis janvier et les banques ne fonctionnent pas ».

Plusieurs organisations à Misrata, y compris le Comité libyen pour le secours humanitaire, les entreprises locales et des sociétés d'ingénierie étudient les moyens de loger ces personnes déplacées. Le HCR est également prêt à soutenir l'effort de reconstruction des maisons. « Nous continuons également d'apporter notre secours régulier par bateau, de Benghazi à Misrata, via des partenaires locaux », a déclaré Adrian Edwards.

A Misrata, le personnel du HCR a parlé à plusieurs personnes qui ont déclaré que des enlèvements avaient eu lieu en ville et dans les environs. Les organismes de secours locaux et des groupes de défense des droits de l'homme estiment qu'à Misrata, au moins 1.000 personnes, principalement des hommes, ont été enlevés ou ont disparu depuis le début du conflit en février. Une femme a dit à l'UNHCR que ses trois beaux frères avaient été enlevés. Deux d'entre eux qui ont ensuite été libérés ont dit qu'ils avaient été emmenés dans un camp du gouvernement à Zliten où ils devaient prêter serment d'allégeance avant d'être formés et forcés à combattre du côté du gouvernement.

« La vie reprend lentement à Misrata, avec des jeunes nettoyant des rues, la réouverture de magasins », note le HCR. Mais selon le Conseil de transition de Misrata, la ville est confrontée à des pénuries alimentaires et de médicaments. Depuis le début de la guerre, 630 personnes sont décédées dans les cinq hôpitaux de la ville tandis que 6.000 personnes ont été blessées. Près de 80% des infirmiers dans ces hôpitaux - surtout des étrangers et étrangères - ont quitté la ville dès le début de la crise. Ils ont été progressivement remplacés par des étudiants en médecine.