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L'ONU appelle le gouvernement à mieux protéger les civils en Iraq

Ivan Simonovic.
Ivan Simonovic.

L'ONU appelle le gouvernement à mieux protéger les civils en Iraq

Le gouvernement iraquien doit faire plus pour protéger les civils contre la violence, a déclaré mardi le Sous-secrétaire général des Nations Unies aux droits de l'homme, Ivan Simonovic, à la fin d'une visite de dix jours en Iraq.

« Il est important que le gouvernement fasse tout son possible pour s'assurer que les civils soient protégés contre la violence en cours et que toute personne soupçonnée d'actes de violence soit tenue pour responsable, conformément à la loi », a dit M. Simonovic.

Le Sous-secrétaire général aux droits de l'homme a condamné les nombreux cas de disparitions forcées, de détentions arbitraires et les actes de torture présumés qui ont été signalés à travers l'Iraq. Il a réitéré que la torture est interdite sans équivoque par le droit international et ne peut être tolérée en aucune circonstance.

« Afin d'exprimer son intention sérieuse de s'attaquer au problème, je prie instamment le gouvernement de ratifier le plus tôt possible la Convention contre la torture », a-t-il souligné. « Le respect des droits de l'homme, y compris dans la lutte contre le terrorisme, relève à la fois du sens moral et pratique. Si la lutte contre le terrorisme fait des terroristes des martyrs, elle a l'effet inverse ».

Lors de ses entretiens avec le vice-premier ministre Roj Shawis Nouri et avec les ministères de la défense et la justice, ainsi qu'avec des journalistes et des représentants de la société civile à Bagdad, Ivan Simonovic a salué l'intention du gouvernement d'élaborer un plan d'action national pour mettre en œuvre les recommandations de l'ONU en matière de droits de l'homme. Il s'est cependant dit préoccupé au sujet de la protection des civils, de la détérioration de la situation des droits des femmes et des minorités religieuses et ethniques, ainsi que des attaques contre la liberté d'expression.

Mentionnant les manifestations qui se déroulent dans plusieurs régions d'Iraq, le Sous-secrétaire général a noté que bon nombre des exigences des manifestants constituaient des appels légitimes à l'amélioration de l'accès aux services de base, à l'emploi et à de meilleures conditions de vie.

« Etre critiqué par les médias ou par des manifestants dans la rue est quelque chose qu'aucun gouvernement ne souhaite, mais tant que les protestations sont pacifiques et que le gouvernement est démocratique, elles devraient conduire à un dialogue et non à la confrontation », a-t-il dit.

Lors de ses rencontres avec le Président du Kurdistan Massoud Barzani, le Premier ministre Barham Saleh et le Président du Parlement Kamal Kirkuki, Ivan Simonovic a proposé au gouvernement de créer un organisme national indépendant chargé de surveiller le respect des droits de l'homme des détenus.

« Cela m'a encouragé de voir que le Premier ministre - lui-même une victime de la torture – a fortement soutenu notre proposition. Le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme et la Mission des Nations unies en Iraq se tiennent prêts à fournir une assistance technique pour la mise en place d'un organisme de ce genre, en conformité avec les normes internationales des droits de l'homme », a-t-il déclaré.

Ivan Simonovic a visité la prison de Dahouk, au Kurdistan, y compris son aile de Gishti Asayish où les personnes suspectées d'actes terroristes sont détenues. « Les conditions de détention semblaient acceptables. Toutefois, pendant la phase d'enquête initiale, les personnes sont détenues plus longtemps que la loi ne le permet, ce qui n'est pas acceptable. La règle de droit devrait être strictement appliquée sinon, elle se vide de son sens. »

En raison de conditions météorologiques, Ivan Simonovic n'a pu se rendre au Camp Ashraf, où quelque 34 personnes ont été tuées au cours d'une opération de sécurité le 8 avril dernier.

« Les enquêtes sur ces événements tragiques doivent être impartiales et approfondies. Les lois iraquiennes devraient être respectées dans le Camp Ashraf, mais aussi les droits fondamentaux des résidents. Une solution à long terme doit être trouvée en reconnaissant la volonté du gouvernement, mais aussi en respectant le consentement de chaque résident, à être soit déplacé, soit rapatrié », a conclu le Sous-secrétaire général des Nations Unies aux droits de l'homme.