Abyei : l'ONU tente de ramener les parties à la table des négociations

« La situation à Abyei reste tendue », a souligné jeudi le Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies (DOMP) alors que le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) notait une « situation sécuritaire volatile » dans cette région qui se situe à la limite entre le Nord et le Sud du Soudan.
Les Forces armées soudanaises (nord du Soudan) maintiennent leur présence dans la ville d'Abyei, où un grand nombre de miliciens Misseriya ont également été signalés. Des combats sporadiques ont été constatés au sud d'Abyei, où les pillages et les incendies continuent.
« Nous avons répété aux hommes des Forces armés soudanaises (FAS) à tous les niveaux, y compris les officiers sur le terrain, qu'en contrôlant cette zone, les FAS avaient la responsabilité de mettre un terme aux pillages et aux incendies criminels et de traduire les responsables en justice. Malheureusement nous n'avons pas constaté les actions nécessaires pour stopper ou traduire les responsables en justice », a fait savoir le DOMP.
Le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Soudan, Haile Menkerios, est en en contact avec les deux parties afin de tenter de contenir la situation et de les ramener à la table des négociations. L'ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, du Groupe de mise en uvre de haut niveau de l'Union africaine sur le Soudan, tente également une médiation.
Le Parti national du Congrès, le parti au pouvoir au Soudan, a convenu de retirer les forces armées de la région mais seulement après un accord avec les Sud-Soudanais sur de nouveaux arrangements de sécurité concernant la zone d'Abyei. M. Mbeki a indiqué que le Groupe de mise en uvre de l'Union africaine proposerait de nouveaux arrangements lors des négociations sur la sécurité post-référendum qui doivent reprendre ce samedi à Addis-Abeba, en Ethiopie.
La Mission des Nations Unies pour le Soudan (MINUS) et les agences onusiennes ont effectué mercredi des patrouilles terrestres et aériennes qui ont confirmé la forte présence d'hommes armés. Des dizaines de milliers de personnes ont fui la zone d'Abyei vers divers endroits au Sud-Soudan. Des missions sont en cours pour évaluer le nombre de personnes dans le besoin.
Selon OCHA, environ 15.000 personnes vivent à la belle étoile dans la zone de Turalei et 4.000 autres sont allées se réfugier dans le village de Mayen Abun. Les principaux besoins sont la nourriture et l'accès à l'eau potable. La distribution d'une aide alimentaire pour 3.000 personnes a débuté à Mayen Abun ainsi que la réparation des points d'eau et la construction de latrines.
« Alors que l'aide humanitaire a augmenté, il est décisif de garantir l'accès des travailleurs humanitaires et l'établissement d'un environnement sécurisé », a précisé jeudi OCHA par communiqué.
Dans un discours mercredi devant un Sommet extraordinaire de l'Union africaine à Addis-Abeba, en Ethiopie, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré que la question d'Abyei, était un sujet de préoccupation et qu'il fallait faire comprendre aux parties au conflit que la confrontation militaire n'était pas une option.
La région d'Abyei est en proie à des affrontements depuis plusieurs mois. L'Accord de paix global qui a mis fin en 2005 à la guerre civile entre le Nord et le Sud du Soudan prévoyait l'organisation à Abyei en janvier 2011 d'un référendum d'autodétermination, en même temps que celui sur l'autodétermination du Sud-Soudan. Faute d'accord sur la composition d'une commission électorale, le scrutin avait été reporté. Le Sud-Soudan de son côté a voté massivement pour la sécession, qui entrera en vigueur le 9 juillet 2011.