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Myanmar : un expert de l'ONU inquiet pour les minorités ethniques

Myanmar : un expert de l'ONU inquiet pour les minorités ethniques

Tomas Ojea Quintana, rapporteur spécial sur la situation des droits de l'Homme au Myanmar.
Le Rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, Tomás Ojea Quintana, a averti lundi que la situation des minorités ethniques dans les zones frontalières du Myanmar constituait un obstacle à la transition démocratique souhaitée par le gouvernement de ce pays.

« Les violences se poursuivent dans plusieurs de ces zones, tandis que la militarisation systématique contribue à des violations des droits de l'homme », a déclaré l'expert indépendant à la fin de sa mission de huit jours en Thaïlande, pays voisin, afin de recueillir des informations sur la situation au Myanmar, où il n'a pas pu se rendre.

« Ces violations consistent en la confiscation de terres, des travaux forcés, des déplacements internes, des exécutions extrajudiciaires et des violences sexuelles. Elles sont très répandues, elles se poursuivent aujourd'hui, et demeurent essentiellement tolérées par les autorités », a expliqué M. Ojea Quintana. Le Rapporteur spécial s'est inquiété que le gouvernement du Myanmar ne trouve pas de solution politique pour résoudre les conflits ethniques.

« Même si la création de juridictions étatiques nationales et régionales est importante, ces changements ne sont pas suffisants », a t-il souligné. Le Rapporteur spécial des Nations Unies a rappelé que ces institutions démocratiques étaient très jeunes et qu'il était trop tôt pour qu'elles fonctionnent efficacement et permettent de régler « cette question complexe ayant un impact direct sur les atteintes aux droits de l'homme ». Il a encore souligné que le processus électoral excluait plusieurs groupes ethniques et groupes d'opposition importants, « de sorte que leur voix ne sont pas entendues dans ces forums ».

Réagissant à l'annonce récente d'une libération de prisonniers, l'expert indépendant a noté que la plupart des prisonniers d'opinion étaient toujours en prison. « Je voudrais voir un plan concret du gouvernement annonçant la libération systématique de tous les prisonniers de conscience »

L'expert onusien a par ailleurs souligné l'importance « d'adresser la question de la vérité, de la justice et des responsabilités » et a souligné le rôle de la Commission d'enquête qui doit être, selon M. Ojea Quintana, un instrument pour assurer la transition vers la démocratie, la réconciliation nationale et l'établissement des responsabilités, et empêcher les violations des droits de l'homme en cours.

« Je vois des développements positifs », a-t-il dit. « Lors de la seule séance du Parlement à ce jour, les députés ont été en mesure de soulever des questions importantes du point de vue des droits de l'homme, comme la possibilité d'un cessez-le feu dans l'Etat Kayin, la question du statut de citoyen de Rohingyas, et ont débattu d'une amnistie des prisonniers politiques Shan ». Le Rapporteur spécial a également noté le début de discussions sur les droits économiques, sociaux et culturels et une participation des minorités ethniques aux débats des assemblées législatives.

« J'espère pouvoir me rendre au Myanmar le plus tôt possible pour poursuivre la discussion avec les autorités et les autres parties prenantes sur les progrès accomplis vers la transition démocratique et sur les inquiétudes quant à la situation actuelle des droits de l'homme dans le pays," a conclu Tomás Ojea Quintana.

Mi-mai, le Conseiller spécial du Secrétaire général Ban Ki-moon pour le Myanmar, Vijay Nambiar, s'est rendu dans le pays pendant trois jours sur invitation du gouvernement.