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Soudan : l'ONU appelle à la fin des opérations militaires à Abyei

Soudan : l'ONU appelle à la fin des opérations militaires à Abyei

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Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le Conseil de sécurité ont condamné dimanche l'escalade de la violence dans la région d'Abyei entre les forces gouvernementales du Soudan et du Sud-Soudan.

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le Conseil de sécurité ont condamné dimanche l'escalade de la violence dans la région d'Abyei entre les forces de sécurité des gouvernements du Soudan et du Sud-Soudan qui ont accru les mouvements de troupes et ont échangé des tirs d'artillerie lourde et légère.

"Le Secrétaire général appelle les deux parties à immédiatement cesser leurs opérations militaires et à retirer toutes les forces et éléments armés d'Abyei", a dit son porte-parole dans une déclaration. "Il appelle les parties à confirmer leurs engagements antérieurs à maintenir la paix et la sécurité dans la région d'Abyei à travers les mécanismes déjà convenus et à entamer des discussions sérieuses pour arriver à un règlement final à la question d'Abyei avant le 9 juillet."

"Le Secrétaire général reste profondément préoccupé pour la sécurité de la population civile de la région, alors qu'une majorité d''entre elle a été déplacée de force en raison des combats", a ajouté son porte-parole.

La région d'Abyei, qui se situe à la limite entre le Nord et le Sud du Soudan, est en proie à des affrontements depuis plusieurs mois. L'Accord de paix global qui a mis fin en 2005 à la guerre civile entre le Nord et le Sud du Soudan prévoyait l'organisation à Abyei en janvier 2011 d'un référendum d'autodétermination, en même temps que celui sur l'autodétermination du Sud-Soudan. Faute d'accord sur la composition d'une commission électorale, le scrutin avait été reporté. Le Sud-Soudan de son côté a voté massivement pour la sécession, qui entrera en vigueur le 9 juillet 2011.

Ban Ki-moon a déploré par ailleurs dimanche "les actions des personnes responsables du bombardement du complexe des Nations Unies avec des obus de mortier qui ont blessé deux casques bleus" et a appelé à poursuivre les auteurs de ce bombardement. Il a exhorté "les deux parties à garantir la sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies sur le terrain" et a réitéré son appel "à enquêter sur les attaques contre des soldats des Nations Unies à Goli le 10 mai et contre un convoi de l'ONU le 19 mai afin que les auteurs soient traduits en justice."

Dans une déclaration à la presse publiée dimanche, le Conseil de sécurité s'est également déclaré gravement préoccupé par la détérioration rapide de la situation à Abyei et a condamné "l'escalade des opérations militaires menées par les forces armées soudanaises qui ont pris le contrôle de la ville d'Abyei et de ses alentours."

"Cela constitue une violation grave de l'Accord de paix global qui menace de saper l'engagement mutuel des parties à éviter un retour à la guerre et à résoudre toutes les questions en suspens de l'Accord et post-Accord de manière pacifique", estiment les membres du Conseil qui appellent "le gouvernement du Soudan à cesser ses opérations militaires et à se retirer immédiatement de la ville d'Abyei et de ses environs".

Le Conseil de sécurité déplore également la dissolution unilatérale de l'administration d'Abyei et appelle à son rétablissement sans délai par un accord mutuel. Il exhorte les deux parties à éviter de faire usage de la force et demande le retrait immédiat de tous les éléments militaires d'Abyei. Il souligne la responsabilité des parties à protéger les civils et condamne le bombardement du complexe de l'ONU à Abyei.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la plupart des civils ont fui la ville d'Abyei en raison de violents combats entre les forces armées soudanaises (SAF) et l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA).

"Au cours de la journée de samedi 21 mai, la ville d'Abyei a été visée par des tirs à l'arme lourde et les forces armées soudanaises sont entrées dans la ville après la tombée de la nuit", indique OCHA dans un rapport.

Selon OCHA, les informations et les observations sur le terrain "indiquent que la plupart des civils ont quitté la ville d'Abyei". "On ne sait pas encore clairement où ces civils déplacés ont trouvé refuge ou s'ils sont encore en fuite. La plupart semblent s'être dirigés vers des villages dans la région d'Abyei, au sud de la ville d'Abyei, mais pour l'instant il n'y a pas eu d'afflux à Agok", note OCHA.

En raison des restrictions en termes de déplacement pour les travailleurs humanitaires, "l'ampleur des pertes humaines chez les civils n'est pas encore connue".

Samedi matin, tous les employés des organisations non gouvernementales avaient été redéployés vers la ville d'Agok, qui se situe à 40 kilomètres au sud d'Abyei. Certaines organisations ont décidé de faire partir d'Agok tous leurs employés non essentiels en raison de préoccupations en termes de sécurité.

La Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) s'était déclarée samedi profondément préoccupée par le renforcement des troupes et les informations faisant état de combats à l'artillerie lourde et de bombardements dans la région d'Abyei.

Vendredi, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et la MINUS avaient vivement condamné une attaque contre un convoi de la Mission jeudi 19 mai à Abyei la qualifiant de "criminelle". Deux soldats des forces armées soudanaises et un chauffeur de l'ONU avaient été blessés dans cette attaque.

Dimanche, le Conseil de sécurité a également condamné cette attaque par les forces du Sud contre le convoi de la MINUS escortant des éléments des forces armées soudanaises (nord) appartenant aux Unités intégrées conjointes. Il a souligné que l'attaque était non seulement une grave violation des accords entre les parties mais aussi un acte criminel contre une mission des Nations Unies et son personnel.