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Libye : Amos réclame un cessez-le-feu d'urgence pour acheminer l'aide

Libye : Amos réclame un cessez-le-feu d'urgence pour acheminer l'aide

Valerie Amos.
Alors que les affrontements continuent entre les forces d'opposition et celles du dirigeant libyen Mouammar Qadhafi, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a appelé lundi le Conseil de sécurité à insister auprès des parties au conflit pour l'instauration d'un cessez-le-feu temporaire afin que l'aide humanitaire puisse être acheminée vers les populations prises au piège au milieu des affrontements.

« Malgré les demandes répétées du Secrétaire général de l'ONU et de la communauté internationale, les civils sont toujours piégés au milieu d'affrontements armés dans les zones de conflits. Cela doit cesser. Le Conseil de sécurité doit continuer d'insister pour que toutes les parties au conflit respectent le droit humanitaire international et garantissent que les civils sont épargnés », a déclaré lundi Valerie Amos devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Elle a aussi fait état d'utilisation de bombes et de mines ainsi que de viols et de violences sexuelles perpétrés sur des civils.

« Toutes les parties doivent se mettre d'accord sur une trêve dans les affrontements à Misrata et dans d'autres zones. Cela permettrait aux populations de bénéficier d'un répit et, à ceux qui le souhaitent, de fuir. Une évaluation indépendante de la situation humanitaire pourrait être menée et une trêve permettrait aussi d'acheminer l'aide médicale et le matériel humanitaire ainsi que d'évacuer les ressortissants de pays tiers, des blessés et des personnes qui ont besoin d'une assistance médicale d'urgence », a insisté la chef de l'humanitaire de l'ONU.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), 746.000 personnes ont fui le pays. Environ 5.000 personnes sont bloquées aux frontières avec l'Egypte, la Tunisie et le Niger. Environ 58.000 personnes seraient déplacées dans le pays.

« Plus la situation actuelle va durer, plus la situation humanitaire va empirer », a déploré Mme Amos précisant que l'ONU avait réussi à établir une présence dans la capitale du pays, Tripoli, ainsi qu'à Benghazi.

Elle a souligné que les écoles avaient cessé toute activité et que les stocks de nourriture étaient en train de s'épuiser. Selon une évaluation menée récemment par les agences de l'ONU sur le terrain, le pays a besoin de 110.000 à 150.000 tonnes de nourriture chaque mois pour alimenter un peu plus de 6,5 millions de personnes. Dans l'est du pays, les stocks disponibles actuellement seront terminés en trois mois, selon les estimations des agences onusiennes.

« L'acheminement de l'aide humanitaire en Libye doit rester distincte des activités militaires de toutes les parties au conflit », a souligné Valerie Amos en précisant que « le travail des agences humanitaires ne doit être diminué et les travailleurs humanitaires ne doivent pas devenir des cibles ».

A ce jour l'ONU a reçu 144 millions de dollars pour financer les opérations humanitaires en Libye, soit 46% de la somme globale réclamée.

« Nous sommes en train de réviser l'appel et nous allons avoir besoin de ressources additionnelles pour le soutien des activités humanitaires en Libye. Je compte sur votre soutien continu pour les opérations humanitaires dans le pays et pour l'instauration d'un cessez-le-feu temporaire », a conclu Valerie Amos devant les membres du Conseil de sécurité.

Le 3 mai dernier l'Envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Abdul Ilah Khatib, avait déjà appelé les parties au conflit à instaurer un cessez-le-feu afin d'amorcer un processus de sortie de crise.

« Les autorités libyennes et le Conseil national de transition libyen (opposition) m'ont informé qu'ils étaient prêts à mettre en œuvre un cessez-le-feu à condition que l'autre partie respecte l'accord. Les deux parties ont déclaré qu'elles étaient prêtes à cesser les hostilités s'il existait un véritable désir de la part de l'autre partie de faire de même. Cependant, pour les autorités libyennes, un cessez-le-feu doit être accompagné par la fin des attaques par l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) afin de poser les conditions d'un dialogue national », avait-il déclaré lors d'un exposé sur la situation en Libye devant les membres du Conseil de sécurité.

L'Envoyé spécial avait indiqué que les autorités libyennes étaient d'accord pour que les Nations Unies coordonnent la mise en œuvre d'un cessez-le feu en étroite coordination avec l'Union africaine (UA).

Les membres du CNT avait de leur côté exigé le départ du Colonel Qadhafi et de sa famille et avait souligné qu'aucune négociation ne pourrait être conclue avec le clan au pouvoir.