Ouganda : la répression des autorités alimente la crise, estime Navi Pillay

La Haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, a exhorté dimanche les autorités ougandaises à mettre un terme à l'utilisation disproportionnée de la force contre les manifestants ainsi que d''arrêter les mauvais traitements réservés aux opposants politiques. Selon la Haut commissaire, les manifestations ont causé la mort de huit personnes et entrainé l'hospitalisation de 250 autres au cours de ces trois dernières semaines.

Navi Pillay s'est dit « consternée par le traitement infligé à Kizza Besigye » le principal dirigeant de l'opposition politique qui a été arrêté quatre fois en trois semaines et qui a été victime d'un tir à l'arme à feu dans la main le 14 avril et qui n'aurait toujours pas retrouvé le plein usage de la vue après avoir été aspergé par de gaz au poivre jeudi dernier.

« La manière dont M. Besigye a été arrêté jeudi est choquante », a déclaré la Haut commissaire. « Je n'approuve pas tacitement les émeutes violentes qui se sont déroulées, mais les autorités ougandaises doivent se rendre compte que ce sont leurs propres actions qui ont transformé des protestations pacifiques sur l'augmentation des prix des denrées alimentaires et de l'essence en une véritable crise nationale », a-t-elle ajouté.

Selon les informations du Haut commissariat aux droits de l'homme, depuis une première manifestation nommée « La marche du travail », les forces de sécurité ont tiré à balle réelle et en caoutchouc et utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants. Des gaz auraient été tirés dans des écoles et des centres de santé.

Selon Navi Pillay, huit personnes seraient décédées lors des manifestations dont une petite fille de deux ans qui aurait été touchée par un tir des forces de sécurité. Au moins 250 personnes ont été blessées et hospitalisées suite à la répression des manifestations. Environ 580 personnes auraient été arrêtées et emprisonnées ces trois dernières semaines.

La Haut commissaire a par ailleurs salué les déclarations du gouvernement de débuter un processus de dialogue avec les dirigeants de l'opposition afin de répondre aux aspirations de la population sur le prix des denrées alimentaires et de l'essence. Enfin, dans la perspective de nouvelles manifestations lundi, Navi Pillay a appelé les autorités à la retenue.