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Maladies non transmissibles : l'OMS appelle à agir face à une "catastrophe au ralenti"

Maladies non transmissibles : l'OMS appelle à agir face à une "catastrophe au ralenti"

La directrice générale de l'OMS, Margaret Chan.
La Directrice de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Margaret Chan, a averti jeudi que la « catastrophe au ralenti » des maladies non transmissibles peut submerger même les nations les plus riches si les causes profondes de l'épidémie, qui sont principalement liées aux modes de vie, ne sont pas abordées.

La Directrice de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Margaret Chan, a averti jeudi que la « catastrophe au ralenti » des maladies non transmissibles peut submerger même les nations les plus riches si les causes profondes de l'épidémie, qui sont principalement liées aux modes de vie, ne sont pas abordées.

Devant les délégués de la première Conférence ministérielle mondiale sur les modes de vie sains et du contrôle des maladies non transmissibles à Moscou, Mme Chan a souligné que le fait que bon nombre de maladies chroniques non transmissibles dans les pays développés soient traitables pourrait amener les gens à ignorer les causes réelles.

« Dans les pays riches, les décès par cardiopathie et accidents vasculaires cérébraux ont sensiblement diminué, les patients cancéreux sont guéris ou survivent plus longtemps et les personnes atteintes de diabète ont un meilleur accès aux traitements essentiels et efficaces », a déclaré le Dr Chan.

« Lorsque les médicaments sont disponibles pour réduire la pression artérielle, le cholestérol, et améliorer le métabolisme du glucose, la situation semble quelque peu sous contrôle. Cette apparence est trompeuse. Les causes de ces maladies ne sont pas prises en compte », a-t-elle ajouté.

Le Dr Chan a souligné que les taux d'obésité dans le monde entier ont presque doublé depuis 1980, et que l'épidémie de diabète, qui est étroitement associée à l'obésité et à l'urbanisation, ont monté en flèche dans les pays riches et les pays pauvres. Plus de 40 millions d'enfants d'âge préscolaire à travers le monde sont obèses ou en surpoids.

« Les conséquences pour les sociétés et les économies sont dévastatrices partout, mais plus spécialement pour les populations pauvres, vulnérables et défavorisées », a déclaré le Dr Chan. « Les services de santé ne sont pratiquement pas préparés à faire face à la vague de demandes chroniques liées à l'augmentation des maladies non transmissibles. »

Elle a noté que dans de grandes parties du monde en développement, ces maladies sont détectées tardivement, lorsque les patients ont besoin de soins hospitaliers longs et coûteux pour des complications graves. De nombreux patients cancéreux réclament un traitement si tardivement que la seule option viable est le soulagement de la douleur et la mort dans la dignité.

Ces maladies portent un double coup à l'économie et au développement, causant des milliards de dollars de pertes en termes de revenu national, et faisant sombrer des millions de personnes dans la pauvreté chaque année.

Le Dr Chan a noté que bien que le secteur de la santé porte le poids de ces maladies, la plupart des politiques de prévention relèvent de secteurs non sanitaires, y compris le commerce, l'agriculture, les douanes, l'industrie, le design urbain, et l'éducation.

A titre d'exemple, le Directeur général a noté que l'industrialisation de la production alimentaire et la mondialisation de sa commercialisation et de sa distribution ont apporté partout dans le monde des aliments transformés, riches en matières grasses, en sucre et en sel, mais pauvres en nutriments essentiels.

« Dans de nombreux cas, les aliments transformés sont le moyen le moins cher et le plus pratique pour remplir un estomac vide. Le monde a certes besoin de nourrir ses près de 7 milliards d'habitants. Mais nous n'avons pas besoin de malbouffe », a-t-elle dit. « En l'absence d'une action urgente, le fardeau financier accru de ces maladies atteindra des niveaux que même les pays les plus riches ne pourront pas affronter. »