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Liban : l'ONU déplore la crise politique et la paralysie institutionnelle

Liban : l'ONU déplore la crise politique et la paralysie institutionnelle

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Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, déplore, dans un rapport publié mercredi, que la crise politique et la paralysie institutionnelle au Liban aient entravé la mise en œuvre des dispositions de la résolution 1559 (2004) qui n'ont pas été appliquées depuis son dernier rapport au Conseil de sécurité.

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, déplore, dans un rapport publié mercredi, que la crise politique et la paralysie institutionnelle au Liban aient entravé la mise en œuvre des dispositions de la résolution 1559 (2004) qui n'ont pas été appliquées depuis son dernier rapport au Conseil de sécurité.

La résolution 1559 adoptée par le Conseil de sécurité en 2004 vise à renforcer la souveraineté du Liban, son intégrité territoriale et son indépendance politique.

Les événements intervenus au cours des six derniers mois « donnent à penser que la situation au Liban s'est dégradée », écrit Ban Ki-moon dans ce rapport. « Je suis vivement préoccupé par le regain de tensions nourri, entre autres, par les spéculations concernant les procédures qu'aurait engagées le Tribunal spécial ». Le Tribunal spécial de l'ONU pour le Liban est chargé d'enquêter sur l'assassinat, en 2005, du Premier ministre en fonction, Rafic Hariri, et de 22 autres personnes.

« En outre, la prolifération généralisée des armes, qui échappent au contrôle de l'État, conjuguée au maintien de milices lourdement armées, menace la paix et la prospérité au Liban », ajoute-il.

Selon lui, vu la structure confessionnelle du Liban, il est crucial de rechercher un consensus pour maintenir la stabilité du pays.

« Les dirigeants politiques libanais doivent s'attacher en priorité à affermir la souveraineté et l'indépendance du pays et des institutions, pour qu'à terme toutes les milices au Liban soient totalement désarmées », affirme-t-il.

Il juge que la désobéissance des groupes armés est incompatible avec les objectifs de renforcement de la souveraineté et de l'indépendance politique du pays. Il estime que l'arsenal du Hezbollah crée un climat d'intimidation, compromet la sécurité des civils libanais et contrarie le pouvoir exclusif du gouvernement d'avoir légitimement recours à la force.

« Je demande instamment aux dirigeants du Hezbollah d'achever sans tarder la transition vers un parti purement politique et de se désarmer, en application de l'Accord de Taëf et de la résolution 1559 (2004) », écrit le Secrétaire général.

Il se dit convaincu que le meilleur moyen de désarmer les groupes armés au Liban, en particulier le Hezbollah, est d'encourager un processus politique dirigé par les Libanais eux-mêmes. « Mais ce processus piétinera tant que les acteurs extérieurs continueront de soutenir le Hezbollah et que ce dernier n'aura pas accepté de se plier aux règles du jeu politique libanais », dit-il.

Il souhaite que le prochain gouvernement respecte la résolution 1559 (2004) et toutes les autres résolutions du Conseil de sécurité relatives au Liban et se félicite des déclarations encourageantes du Président du Conseil désigné, M. Mikati, qui s'est engagé à respecter les obligations internationales du Liban.

Il appelle en outre à mettre en œuvre la décision de démanteler les bases militaires palestiniennes en dehors des camps des réfugiés. « Les infrastructures paramilitaires situées à l'extérieur des camps de réfugiés et appartenant au Front populaire pour la libération de la Palestine-Commandement général (PFLP-CG) et au Fatah al-Intifada, dont le siège est à Damas, demeurent un sujet de grave préoccupation », dit-il. « Elles échappent toujours à l'autorité de l'État libanais. Ces bases, dont la plupart sont situées de part et d'autre de la frontière libano-syrienne, érodent la souveraineté libanaise et nuisent à la bonne gestion des frontières. Conscient que ces deux milices entretiennent des liens étroits dans la région, j'invite de nouveau le gouvernement syrien à s'associer à cette démarche. »

Le Secrétaire général regrette par ailleurs que, sous l'effet de la crise politique que connaît le pays, le Liban et la République arabe syrienne ont interrompu discussions et échanges de vues sur la délimitation de leur frontière commune alors même que les dirigeants des deux pays avaient déjà promis en 2008 de régler cette question.

« En bref, le fait que le Liban ait été privé d'un gouvernement opérationnel pendant plusieurs mois a ouvert un vide politique et sécuritaire dans lequel les extrémistes et les groupes armés pourraient s'engouffrer sachant que le pays est déjà instable et divisé », estime Ban Ki-moon.

« Alors que l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient traversent une période historique, la culture de l'intimidation instaurée par les groupes armés est plus que jamais inacceptable », a-t-il conclu.