Sri Lanka : Pillay souhaite une enquête internationale plus complète
Dans son rapport rendu public lundi, le panel estime crédibles les accusations de violations graves des droits de l'homme au Sri Lanka à la fois par les rebelles tamouls et les forces gouvernementales au cours des derniers mois des dernières phases de la guerre civile en 2009. Il considère que certaines de ces violations pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
« La manière dont le conflit s'est déroulé, sous la forme d'un combat contre le terrorisme, a mis à l'épreuve les règles habituelles de la guerre et a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes », a souligné mardi Navi Pillay dans un communiqué.
Les forces gouvernementales sri lankaises ont déclaré victoire en 2009 sur les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), mettant fin à une sanglante guerre civile ayant duré près de trente ans.
« J'espère que les nouvelles informations troublantes contenues dans le rapport vont ébranler la conscience de la communauté internationale qui va prendre des mesures concrètes. Alors que le rapport lui-même le montre, répondre aux violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme n'est pas une question de choix ou de politique, il est question de devoir à l'égard de la loi nationale et du droit international », a ajouté Mme Pillay.
Dans le rapport, le gouvernement sri lankais est notamment accusé d'avoir systématiquement bombardé les hôpitaux et les zones où étaient concentrés les déplacés malgré les diverses mises en gardes sur les risques pour les populations civiles. Selon des témoignages, des membres des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) ont été exécutés et de nombreux viols perpétrés par les forces armées gouvernementales. Les LTTE de leur côté sont accusés d'avoir eu un mépris inhumain à l'égard des civils, les utilisant comme “bouclier humain”, les recrutant de force à des fins militaires et les empêchant de fuir.
Créé en juin 2010, le panel d'experts est composé de trois membres : Marzuki Darusman, de l'Indonésie, Yasmin Sooka, de l'Afrique du Sud, et Steven Ratner, des Etats-Unis.
« Les récits de témoins et les informations crédibles contenues dans ce rapport nécessitent une enquête complète, impartiale, indépendante et transparente », a insisté la Haut commissaire. « A moins qu'il n'y ait un changement complet d'attitude de la part du gouvernement sri lankais, qui a jusqu'à maintenant été dans un déni total et a couvert l'impunité, une enquête internationale à part entière sera clairement nécessaire ».
Elle note par ailleurs que, selon le panel d'experts, la Commission sur les leçons retenues et la réconciliation établie par le gouvernement ne peut pas satisfaire l'engagement conjoint du Président du Sri Lanka et du Secrétaire général de l'ONU envers un processus permettant de poursuivre les responsables de violations.
Navi Pillay a exhorté le gouvernement sri lankais à mettre en uvre les recommandations du panel d'experts. « Sur le long terme, la justice sera essentielle afin qu'une véritable réconciliation puisse être instaurée après ce terrible conflit », a-t-elle conclu.
De son côté, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a indiqué mardi lors d'un point de presse qu'il avait "besoin d'un mandat clair d'un organe intergouvernemental ou du consentement du gouvernement sri lankais" pour établir "une commission d'enquête internationale indépendante."