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Algérie : un expert de l'ONU juge essentiel de garantir la liberté d'expression

Le Rapporteur spécial Frank La Rue. Photo ONU/Jean-Marc Ferrré
Le Rapporteur spécial Frank La Rue. Photo ONU/Jean-Marc Ferrré

Algérie : un expert de l'ONU juge essentiel de garantir la liberté d'expression

L'Algérie a fait beaucoup de progrès depuis les années 1990, durant lesquelles 100 journalistes ont été tués, et si aujourd'hui les journalistes ne craignent plus pour leurs vies lorsqu'ils font leur travail, ils font néanmoins « face à un certain nombre de défis et d'intimidations juridiques qui entravent leur important travail », a déclaré le Rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à la liberté d'opinion et d'expression, Frank La Rue, à l'issue d'une visite effectuée dans le pays du 10 au 17 avril.

« Cette visite a été très opportune vu la demande croissante de la population pour plus d'ouverture et pour une pleine garantie de leur droit à la liberté d'expression, ainsi que le désir exprimé par le gouvernement de lancer un nouveau processus de changement politique, y compris des réformes constitutionnelles », a-t-il ajouté.

Par le passé, plusieurs journalistes, en particulier ceux qui se sont concentrés sur la corruption, ont été accusés de diffamation et condamnés à des peines de prison, bien que dans la plupart des cas, la peine n'ait pas été exécutée.

« Cela constitue clairement une intimidation de la presse, ce qui a un effet dissuasif sur le droit à la liberté d'expression en générant une attitude d'autocensure parmi les journalistes » a dit le Rapporteur spécial, qui a également demandé au gouvernement de décriminaliser la diffamation en priorité. « La diffamation ne devrait jamais être utilisée pour étouffer les critiques des institutions et politiques de l'Etat », a-t-il ajouté. « A ce propos, je salue vivement l'annonce du Président sur la décriminalisation des délits de presse ».

Il a également salué la récente levée de l'état d'urgence, qui était en place depuis 1992. « Il s'agit certainement d'un geste positif. Cependant, je mets en garde contre le fait que le cadre légal existant est toujours restrictif en ce qui concerne le droit à la liberté de réunion pacifique et le droit à la liberté d'opinion et d'expression », a dit le Rapport spécial.

Tout en notant que la presse écrite s'est ouverte depuis le début des années 1990, l'expert a souligné que les secteurs de la télévision et de la radio sont toujours sous le contrôle du gouvernement. Il a également pris note de rapports selon lesquels les chaînes de télévision et de radio nationales n'ont pas couvert les récentes protestations dans le pays de manière juste et équilibrée, et ne donnent pas suffisamment accès aux partis d'opposition et aux ONG critiques.

Le Rapporteur spécial a salué le travail du ministère des postes et de technologies de l'information et de la communication pour donner un accès accru à l'Internet à 8 millions d'utilisateurs via les bibliothèques et les centres internet publics. Toutefois, il a noté que Facebook est devenu inaccessible pour une courte période durant les récents événements dans les pays voisins.

“Je voudrais réitérer l'importance de garantir pleinement le droit de tous les individus à la liberté d'opinion et d'expression et à l'accès à l'information qui sont essentiels dans une société véritablement démocratique », a dit Frank La Rue.

« La logique du passé ne peut plus être utilisée pour ignorer les attentes des jeunes et pour limiter leurs libertés. Des personnes de tous horizons, en particulier les jeunes, revendiquent maintenant leurs droits, y compris le droit à la liberté d'opinion et d'expression, le droit à la liberté de réunion et les droits économiques, sociaux et culturels de base tels que des opportunités professionnelles. Le gouvernement devrait écouter de telles voix », a-t-il conclu.