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Côte d'Ivoire : le retour des déplacés passe par la réconciliation - HCR

Côte d'Ivoire : le retour des déplacés passe par la réconciliation - HCR

Des déplacés ivoiriens à la mission catholique à Duékoué, en Côte d'Ivoire.
Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a jugé vendredi que la situation humanitaire était alarmante pour un nombre important de personnes déplacées internes dans l'ouest de la Côte d'Ivoire et a appelé à une réconciliation pour leur permettre, ainsi qu'aux réfugiés ivoiriens, de rentrer chez eux.

Dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, environ 200.000 personnes ont été déplacées par les violences post-électorales ces quatre derniers mois. L'insécurité a empêché d'accéder à un grand nombre d'entre elles. Le personnel médical a également déserté la région. Bien que les combats semblent terminés, des tensions ethniques sont omniprésentes et un grand nombre d'Ivoiriens restent cachés dans la brousse.

« Nous estimons que, pour un retour des déplacés et des réfugiés ivoiriens depuis les pays voisins en toute sécurité et dans la dignité, des efforts importants de réconciliation doivent être entrepris », a dit un porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d'une conférence de presse à Genève.

A Duékoué, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, la Mission catholique a vu des milliers de personnes déplacées aller et venir ces derniers mois. Quelque 27.000 personnes s'y trouvent toujours, après avoir fui leurs villages situés dans un rayon de 40 kilomètres autour de la ville. Cette semaine, cinq personnes souffrant de paludisme y sont décédées.

« De nombreux déplacés ont indiqué au personnel du HCR qu'ils attendaient le rétablissement de la sécurité dans leurs régions d'origine pour rentrer chez eux. Certains ont demandé à être escortés vers leurs villages, par crainte de subir un harcèlement aux barrages routiers », a indiqué Andrej Mahecic. « D'autres déplacés internes, traumatisés par les récents massacres à Duékoué, affirment qu'ils veulent quitter la ville pour rechercher des membres de leur famille dans d'autres régions. »

Ailleurs dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, une équipe du HCR s'est récemment rendue dans le département de Zouha-Hounien et l'une de ses sous-préfectures, Bin Houye, près de la frontière avec le Libéria. Ils ont rencontré plus de 1.000 personnes déplacées originaires principalement de Guiglo, Blolequin et Toulepleu. Certaines d'entre elles ont trouvé refuge dans les locaux de l'église catholique et de la Croix-Rouge ivoirienne à Zouha-Hounien. D'autres se trouvent dans un centre de jeunesse à Bin-Houye. Certaines ont été blessées par balles. Ces trois sites de déplacés internes manquent d'eau potable, de latrines et d'électricité. Certains des déplacés dorment à même le sol ou sur des sacs de cacao.

« Certains déplacés espèrent être transférés vers des sites où il y a davantage d'espace et d'aide humanitaire », a indiqué Andrej Mahecic. « D'autres demandent une aide pour reconstruire leur maison endommagée. »

Le HCR s'apprête à intensifier sa présence dans l'ouest de la Côte d'Ivoire pour répondre efficacement à ces besoins. Jusqu'ici, le HCR a centré son action sur la distribution d'aide à 10.000 déplacés dans l'ouest, et l'agence onusienne procède à l'enregistrement et au profilage des déplacés à Duékoué, afin d'identifier leurs besoins et leurs intentions de retour.

Parallèlement, près de 6.000 Ivoiriens ont traversé, depuis lundi, la frontière vers le comté de Grand Gedeh, au Libéria voisin. En tant que partisans de l'ancien Président ivoirien Laurent Gbagbo, ces réfugiés de l'ethnie guéré ont indiqué qu'ils sont arrivés à pied au Libéria, après la nouvelle de l'arrestation de Gbagbo et des informations faisant état d'attaques de représailles à Abidjan. Certains sont arrivés au Libéria en état de malnutrition. Le HCR et ses partenaires assurent leur prise en charge nutritionnelle.

On compte désormais plus de 150.000 réfugiés ivoiriens au Libéria. Par ailleurs, plus de 13.000 autres sont hébergés dans d'autres pays de l'Afrique de l'Ouest.

De son côté, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a indiqué qu’il était en train d’acheminer par avion 60 tonnes de fournitures humanitaires en Côte d'Ivoire. Des kits médicaux permettront aux travailleurs de santé de soigner plus de 40.000 patients au cours des trois prochains mois.

"Il reste difficile pour nos équipes de circuler dans Abidjan, mais l'UNICEF, lentement mais sûrement, est en train d’atteindre la population et fournit une aide bien nécessaire », a déclaré le Représentant par intérim de l’UNICEF en Côte d’Ivoire, Hervé Ludovic de Lys. "Nous allons reprendre les campagnes de vaccination de masse dès que la sécurité le permettra."

Un avion cargo devrait arriver samedi à Abidjan avec 32 tonnes de secours, a indiqué l'agence dans un communiqué. En outre, deux autres avions apporteront chacun 15 tonnes de fournitures pour les villes de Man, à l'ouest du pays, et de Bouaké, dans le centre, pour aider les gens dans le besoin.

Pour sa part, le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré avoir réussi à faire venir quelques camions du Burkina Faso en Côte d'Ivoire et les distributions de biscuits à haute teneur en énergie ont commencé dans un certain nombre de communautés.

De son côté, une équipe d'experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est arrivée pour évaluer la situation à Abidjan et dans d'autres parties du pays, où de nombreux hôpitaux et centres de santé restent fermés et où il manque du personnel médical et des fournitures.

L'OMS a transporté six tonnes de médicaments en Côte d’Ivoire depuis le Burkina Faso et quatre tonnes depuis le Ghana et a distribué des fournitures récemment arrivées dans le pays.