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De retour de Côte d'Ivoire, une responsable de l'ONU tire la sonnette d'alarme

De retour de Côte d'Ivoire, une responsable de l'ONU tire la sonnette d'alarme

Valérie Amos (au centre) rencontre des Ivoiriens déplacés par les récentes violences à Duékoué.
De retour d'une mission en Côte d'Ivoire et au Libéria, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a tiré jeudi la sonnette d'alarme sur la situation en Côte d'Ivoire et a appelé la communauté internationale à fournir davantage de fonds afin de financer les opérations humanitaires pour venir en aide aux populations en danger.

« J'ai vu de mes propres yeux l'impact de la violence qui continue d'affecter les populations civiles en Côte d'Ivoire. A Duékoué, à l'ouest du pays, j'ai vu les preuves que de terribles violences ont été perpétrées. Des bâtiments on été ont brûlés, détruits et pillés », a déclaré Valerie Amos lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU, à New York.

« J'ai visité un site où plus de 200 personnes ont été expulsées de Carrefour, un quartier de la ville. Les populations sont extrêmement traumatisées, elles ont été témoins de violences terribles. Des femmes m'ont raconté avoir assisté à l'exécution de leur mari, des centaines d'enfants ont été séparés de leurs parents et il y a des allégations d'enlèvements de femmes et de jeunes filles », a-t-elle ajouté.

« J'ai parlé à une femme qui s'est cachée dans les marécages pendant trois jours pour échapper aux milices. Il y aurait des centaines voire des milliers de personnes toujours cachées dans la forêt. Les milices pourchasseraient les civils avec des chiens », a-t-elle poursuivi.

Environ 40.000 personnes ont trouvé refuge à la Mission catholique de Duékoué qui est protégée par des Casques bleus de l'ONU. Valerie Amos a souligné que les conditions de vie à la Mission étaient difficiles et que la nourriture et l'eau manquaient.

« Les populations sont malgré tout reconnaissantes de trouver une relative sécurité. Les milices effectueraient des descentes dans les camps et j'ai appris qu'il y aurait des cas de viols et d'abus », a-t-elle expliqué soulignant que plus de 120.000 personnes ont fui le pays et ont trouvé refuge au Libéria.

« Il ne doit pas y avoir d'impunité pour les personnes qui ont perpétré ces terribles crimes. Des enquêtes, y compris une enquête de l'ONU à Duékoué, ont déjà débuté. Mais j'ai entendu dire qu'il y aurait eu des incidents similaires dans d'autres parties de la Côte d'Ivoire à l'ouest et au centre », a souligné Valerie Amos précisant qu'elle était extrêmement inquiète sur la situation à Abidjan, la capitale économique de Côte d'Ivoire.

« La chose importante qu'il faut garder à l'esprit c'est que les personnes qui ont été prises dans cette violence n'ont cessé de me répéter que ce qu'elles veulent c'est une Côte d'Ivoire stable et sûre », a-t-elle ajouté.

Mercredi, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a indiqué qu'il souhaitait ouvrir une enquête sur des « massacres commis de façon systématique ou généralisée » en Côte d'Ivoire. Il procède actuellement à « un examen préliminaire de la situation » destiné à établir si les crimes commis relèvent de la compétence de la Cour.

Par ailleurs, Valerie Amos s'est dit extrêmement préoccupée par la saison des pluies qui arrivent car l'acheminement de l'aide humanitaire sera d'autant plus difficile.

Au Libéria, qui accueille de nombreux réfugiés de Côte d'Ivoire, elle a estimé que « les autorités libériennes, les agences de l'ONU et les partenaires humanitaires étaient en train de faire de leur mieux pour garantir une réponse adéquate.

« Mais avec plus de fonds, nous pourrions fournir plus de nourriture, d'abris et offrir un meilleur traitement médical à ceux qui sont malades », a-t-elle ajouté. Seulement 26% des fonds réclamés ont été reçus, a-t-elle déploré.