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Le BIT s'inquiète de la situation des travailleurs de Bahreïn

Le BIT s'inquiète de la situation des travailleurs de Bahreïn

Le directeur général du BIT, Juan Somavia.
Le Directeur général du Bureau international du Travail (BIT), Juan Somavia, a exprimé à nouveau mercredi sa grande préoccupation déjà manifestée dans une lettre datée du 1er avril adressée au Premier ministre de Bahreïn à propos des événements dans ce pays, en particulier les informations faisant état de nombreux cas de discrimination anti-syndicale contre des dirigeants et des membres de la Confédération générale des syndicats de Bahreïn (CGSB).

M. Somavia adresse un appel pressant aux autorités de Bahreïn pour qu'elles prennent « des mesures fermes et immédiates afin que les travailleurs de Bahreïn et leurs syndicats arrêtent de subir des traitements inéquitables, injustes et dégradants pour le simple fait d'avoir exprimé leurs droits légitimes en accord avec les principes de la liberté d'association. »

Face à la récente vague de manifestations pacifiques auxquelles les autorités de Bahreïn ont répondu par un usage excessif de la force et par la déclaration de l'état d'urgence, le BIT a reçu de nouvelles informations faisant état du renvoi de militants de la CGSB et d'autres mesures de répression qui diminuent dans la pratique la capacité d'exercer des activités légitimes en tant que syndicat.

Les dernières nouvelles reçues de la Confédération syndicale internationale (CIS), dont la CGSB est membre, indiquent une nouvelle dégradation de la situation. Selon la CIS, environ 300 travailleurs ont été licenciés pour avoir pris part à des grèves et à des manifestations. Parmi eux, figure Abdul Ghaffar Abdul Hussain, président du syndicat de la Bahrain Petroleum Company et ancien président de la CGSB, ainsi que des membres du comité directeur de la CGSB licenciés pour « avoir incité les travailleurs et les employés à participer à une grève générale ». Il fait également partie de ceux qui seront poursuivis devant les tribunaux pour ces mêmes raisons.

Des licenciements massifs ont également eu lieu à l'Alba Aluminium Company, au Khalifa Sea Port et à Gulf Air. Le secrétaire général et vice-président du syndicat des enseignants de Bahreïn fait partie des six membres de l'organisation qui ont été arrêtés les 29 et 30 mars. Selon des informations reçues mardi soir, la Présidente de la Bahrain Nursing Society, Mme Rulla el Saffar a également été arrêtée. On ignore où elle se trouve. Par ailleurs, l'agence de presse de Bahraïn a annoncé mercredi que le parlement appelait le gouvernement à prendre des mesures légales immédiates contre les dirigeants des syndicats et des associations qui ont soutenu la grève et à les traduire en justice.

« Toutes ces informations sont extrêmement alarmantes, notamment parce que la Confédération générale des syndicats de Bahreïn avait appelé les travailleurs à reprendre le travail et avait reçu des assurances de la part des pouvoirs publics qu'ils ne feraient face à aucune mesure de répression pour avoir pris part à des grèves. Clairement, la CGSB avait bien fait preuve d'une attitude constructive en invitant les travailleurs à reprendre le travail dans l'intérêt de l'économie nationale et afin de permettre les conditions du renforcement des bases d'un dialogue national », estime le BIT.

Face à la détérioration de la situation, le Directeur général a décidé du BIT d'envoyer à Bahreïn dès que possible une mission de haut niveau du BIT afin de dialoguer et d'évoquer aussi bien avec les autorités qu'avec les organisations syndicales et patronales les actes anti-syndicaux qui ont été rapportés et de promouvoir un processus de coopération tripartite qui constitue le moyen le plus fiable pour sortir de la situation de crise à Bahreïn.