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Iraq : Ban Ki-moon salue la formation du gouvernement mais s'inquiète des violences

Iraq : Ban Ki-moon salue la formation du gouvernement mais s'inquiète des violences

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Dans son dernier rapport sur la situation en Iraq, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, salue la formation d'un gouvernement d'union nationale en décembre, tout en se disant préoccupé par la précarité de la situation sécuritaire et la persistance de violences, notamment communautaires.

« Je félicite les dirigeants politiques pour leur engagement en faveur du dialogue et du consensus », écrit le chef de l'ONU dans ce rapport publié mardi. Il qualifie « d'accomplissement historique » la formation du gouvernement.

Le chef de l'ONU estime toutefois qu'il « reste des étapes à franchir pour achever la formation du gouvernement de collaboration nationale dans les meilleurs délais, et notamment nommer les principaux responsables de la sécurité ».

Evoquant à ce propos les manifestations survenues dans le pays ces dernières semaines, Ban Ki-moon rappelle que « l'Iraq n'est pas à l'abri de la vague de troubles civils qui a touché la région ».

« Les manifestations qui ont eu lieu en Iraq, et la violence qui a suivi, montrent qu'il est urgent d'améliorer les services publics et d'agir contre le niveau élevé de chômage et l'absence apparente de lutte contre la corruption », explique-t-il. « Si le gouvernement iraquien ne prend pas rapidement des mesures pour y remédier, les progrès accomplis ces dernières années dans les domaines de la politique et de la sécurité risquent d'être remis en cause », ajoute-t-il.

Le Secrétaire général de l'ONU se dit « préoccupé par l'usage de la force par les forces de sécurité iraquiennes pour endiguer les manifestations », ainsi que « par les pertes en vies humaines qui s'en sont suivies ». Il se déclare « très inquiet » face « aux arrestations arbitraires, aux détentions et aux tortures, ainsi que face aux mauvais traitements infligés aux journalistes et autres membres des médias qui couvraient ces événements ».

Dans ce contexte, Ban Ki-moon demande au gouvernement iraquien « de mener une enquête indépendante sur ces violations présumées et de veiller à ce que des mesures soient prises pour endiguer les manifestations à venir en exerçant la plus grande retenue et en évitant la violence ».

S'agissant de la situation dans le Kurdistan iraquien et sur les violences récentes survenues dans le gouvernorat de Kirkouk, il estime « qu'il faut d'urgence donner un nouveau souffle à la promotion du dialogue arabo-kurde ».

« Je note avec préoccupation la montée des tensions ethniques après la décision du gouvernement régional du Kurdistan de déployer 5.000 soldats peshmerga supplémentaires à la périphérie de la ville de Kirkouk », écrit-il, avant d'appeler « à la plus grande retenue pour permettre l'ouverture d'un dialogue pacifique et constructif qui porte sur les principales préoccupations des Iraquiens ».

Autre source d'inquiétude pour le chef de l'ONU, la persistance de « violences sectaires ». « Malgré d'incontestables avancées dans le domaine politique, globalement la situation sur le plan de la sécurité reste précaire car certains cherchent à compromettre les progrès que l'Iraq a accomplis ces dernières années s'agissant de réduire la violence sectaire », indique-t-il.

Et Ban Ki-moon de dénoncer d'abord « le fait que les chrétiens d'Iraq continuent d'être pris pour cible », de rappeler ensuite qu'« il ne saurait y avoir non plus de justification pour les attentats suicides qui ont ciblé des pèlerins chiites », et de conclure en soulignant que « les attaques qui frappent les sunnites, tuant des innocents, sont tout aussi répréhensibles ».

« Je demande de nouveau au gouvernement iraquien de faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger tous les Iraquiens qui continuent d'être pris pour cible en raison de leurs convictions religieuses », poursuit-il, mettant aussi en avant les violences faites aux femmes et aux filles, « souvent les victimes silencieuses ».

« Je continue de m'engager personnellement à ce que l'ONU appuie toutes les initiatives visant à rompre le silence qui entoure cette violence contre les femmes, qu'elles soient prises par le gouvernement ou par la société civile », conclut Ban Ki-moon. « Je reste préoccupé par le fait que les femmes sont encore sous-représentées dans la sphère politique et aux postes de décision ».