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Côte d'Ivoire : l'ONU inquiète de la dégradation de la situation humanitaire

Côte d'Ivoire : l'ONU inquiète de la dégradation de la situation humanitaire

Des Ivoiriens à une station de bus à Abidjan tentant de fuir les combats.
Alors que la situation évoluait rapidement mardi en Côte d'Ivoire entre les partisans du Président Alassane Ouattara et ceux de l'ancien Président Laurent Gbagbo, plusieurs agences et responsables de l'ONU ont de nouveau exprimé leur inquiétude concernant l'impact des violences sur la population civile.

L’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a indiqué mardi qu’elle avait reçu des coups de téléphone le matin même par les chefs des Forces de défense et de sécurité, de la Gendarmerie et de la Garde républicaine, loyales à M. Gbagbo, informant la Mission qu’ils avaient donné pour instruction d’arrêter les combats.

La Mission de l’ONU a ajouté qu’elle avait ordonné à ses troupes de collecter les armes et d’offrir sa protection aux combattants désarmés.

Pour sa part le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a déclaré que la situation à Abidjan était alarmante, précisant que la plupart des hôpitaux dans la capitale économique ivoirienne ne fonctionnaient pas et que les ambulances étaient la cible de tirs quand elles tentaient d’entrer dans la ville. OCHA a précisé que l’accès à la population civile à Abidjan était impossible en raison des combats.

Le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Anthony Lake, a dit de son côté que son agence restait "gravement préoccupé par la violence actuelle en Côte d'Ivoire et ses effets alarmants sur les enfants. Nous sommes particulièrement troublés par les informations selon lesquelles il y aurait des enfants parmi les victimes d'un massacre dans ce pays. Et des enfants continuent d'être recrutés par les forces armées de toutes les parties au conflit – une violation grave de leurs droits qui met en péril non seulement leur avenir mais aussi les chances d'instaurer une paix durable en Côte d'Ivoire ».

« L'UNICEF s'efforce d'aider les personnes dans le besoin en leur donnant des articles humanitaires, mais nos programmes ont été sérieusement compromis par les combats. Dans l'ouest du pays, l'UNICEF a été en mesure de distribuer des fournitures de base aux populations déplacées mais nous devons de toute urgence atteindre les personnes en situation de risque, à Abidjan en particulier, où l'on estime qu'un million de personnes déplacées ont désespérément besoin d'aide. Nous craignons des flambées de maladie si l'UNICEF et d'autres organisations ne peuvent pas atteindre les milliers de familles déplacées à l'intérieur du pays », a-t-il ajouté dans un communiqué.

L'UNICEF appelle « toutes les parties à ce conflit à mettre fin à la violence contre les civils et à permettre aux travailleurs humanitaires d'accéder aux populations qui ont le plus besoin d'aide », a-t-il conclu.

De son côté, la Secrétaire générale adjointe de l'ONU aux affaires humanitaires, Valerie Amos, s'est rendue lundi auprès des populations déplacées de Duékoué à l'ouest du pays. Elle a pu discuter avec les représentants des organisations humanitaires et les déplacés.

Ce weekend elle avait déjà « fermement condamné les allégations de meurtres de 800 personnes à Duékoué » qualifiant ces actes « de graves violations des droits de l'homme » et soulignant que « les responsables devraient être traduits en justice ». La Chef de l'humanitaire de l'ONU devait se rendre mardi à Man et à Bouaké.

Arrivé dimanche à Abidjan, la capitale économique de Côte d'Ivoire, le Sous Secrétaire général de l'ONU aux droits de l'homme, Ivan Simonovic, s'est dit mardi « extrêmement inquiet sur la situation des civils, alors que des armes lourdes sont utilisées dans des zones densément peuplées ».

Lundi, Ivan Simonovic s'est rendu à Duékoué afin de rencontrer les équipes de l'ONU en charge d'évaluer la situation des droits de l'homme dans la zone.

« Nous espérons en savoir plus sur ce qu'il s'est précisément passé à son retour mais pour l'instant il semble que plusieurs centaines de civils ont été tués dans deux incidents distincts. Plusieurs autres personnes auraient été tuées pendant les affrontements entre milices armées », a souligné mardi le porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), Rupert Colville, lors d'une conférence de presse à Genève, en Suisse.

« Le Conseil des droits de l'homme a mis en place une Commission d'enquête sur la Côte d'Ivoire et les experts examineront inévitablement le cas des meurtres de Duékoué et partout ailleurs. Le Haut commissariat aux droits de l'homme va pleinement coopérer avec la Commission d'enquête et nous exhortons tout le monde à en faire autant », a-t-il ajouté.

Répondant à une question d'un journaliste, Rupert Colville a indiqué que selon les informations recueillis, les deux camps, pro-Gbagbo et pro-Ouattara, seraient impliqués dans le massacre tout en soulignant que ce ne sera qu'après les résultats de l'enquête que des informations précises pourront être fournies.

Par ailleurs, l'ONUCI a affrété mardi un vol spécial pour une centaine de passagers bloqués à l'aéroport d'Abidjan depuis jeudi. Parmi les voyageurs figurent de nombreux membres du corps diplomatique, des représentants d'organisations internationales, ainsi que plusieurs enfants.