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Trente ans après, l'ONU appelle à continuer le combat contre le VIH/Sida

Trente ans après, l'ONU appelle à continuer le combat contre le VIH/Sida

Le Secrétaire général Ban Ki-moon (à droite), le Directeur exécutif d'ONUSIDA, Michel Sidibé, et Rebecca Awiti, une mère séropositive avec ses trois enfants.
Trente ans après le début de l'épidémie, les investissements engagés pour lutter contre le Sida commencent à donner des résultats qui restent fragiles, estime un nouveau rapport publié jeudi par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui appelle la communauté internationale à maintenir et à accroître la lutte contre le Sida.

« Les dirigeants mondiaux disposent d'une opportunité unique en cette période critique pour évaluer les résultats et les carences de la riposte mondiale au sida », a déclaré Ban Ki-moon, lors d'une conférence de presse à Nairobi, au Kenya, où le Secrétaire général va présider le Conseil des chefs du Secrétariat de l'ONU en fin de semaine.

« Nous devons prendre des décisions audacieuses qui transformeront radicalement la riposte au sida et nous aideront à avancer vers une génération sans VIH », a-t-il ajouté.

Intitulé « Unis pour l'accès universel : vers zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès lié au sida », le rapport souligne le fait que le taux de nouvelles infections au VIH diminue au niveau mondial, que l'accès aux traitements s'élargit et que le monde a beaucoup progressé au niveau de la réduction de la transmission mère-enfant du VIH.

« Trente ans après le début de l'épidémie, nous n'avons d'autre choix que celui de redynamiser la riposte aujourd'hui si nous voulons réussir demain », a déclaré le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, présent à Nairobi lors de la présentation du rapport.

« Les progrès enregistrés sur la prévention du VIH et du traitement antirétroviral sont significatifs, mais nous devons faire davantage pour empêcher que les personnes ne contractent l'infection – nous avons besoin, aujourd'hui plus que jamais, d'une révolution de la prévention du VIH », a-t-il ajouté.

Entre 2001 et 2009, le taux de nouvelles infections à VIH a été réduit d'au moins 25% dans 33 pays – dont 22 pays d'Afrique subsaharienne. À la fin 2010, plus de six millions de personnes étaient sous traitement antirétroviral dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Pour la première fois en 2009, le taux de couverture des services de prévention de la transmission mère-enfant du VIH a été supérieur à 50 % au niveau mondial.

Malgré ces résultats encourageants, le rapport souligne que ces progrès restent fragiles. Pour toute personne mise sous traitement antirétroviral, on dénombre deux nouvelles infections. Chaque jour, 7.000 personnes sont nouvellement infectées, dont 1.000 enfants. La faiblesse des infrastructures nationales, les insuffisances de financement et la discrimination à l'encontre des populations vulnérables figurent parmi les facteurs qui continuent de faire obstacle à l'accès aux services de prévention, de traitement, de soins et d'appui en matière de VIH, souligne le rapport.

Le rapport du Secrétaire général, qui s'appuie sur les données transmises par 182 pays, propose cinq recommandations clés que les dirigeants mondiaux étudieront lors de la Réunion de haut niveau sur le Sida de l'Assemblée générale qui se tiendra du 8 au 10 juin 2011.

Selon le rapport, il s'avère nécessaire de « mobiliser l'énergie des jeunes au profit d'une révolution de la prévention du VIH » ; de « redynamiser l'élan pour réaliser l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH d'ici à 2015 », de « travailler avec les pays pour que les programmes de lutte contre le VIH offrent un meilleur rapport coût-efficacité et soient plus efficients » ; « promouvoir la santé, les droits de la personne et la dignité des femmes et des filles » ; et enfin « de s'assurer que la responsabilisation permette de transformer les engagements en actions ».

Ban Ki-moon a fixé des objectifs chiffrés pour mettre en œuvre ces recommandations. Il souhaite réduire de 50 % la transmission sexuelle du VIH, éliminer la transmission mère-enfant du VIH, réduire de 50 % les décès liés à la tuberculose des personnes vivant avec le VIH, garantir un traitement contre le VIH à 13 millions de personnes, réduire de 50 % le nombre de pays appliquant des restrictions à l'entrée, au séjour et à la résidence liées au VIH, et enfin, garantir un accès égal à l'éducation aux enfants rendus orphelins ou vulnérables à cause du Sida.

Les financements internationaux alloués au soutien de la lutte contre le VIH ayant diminué pour la première fois en 2009, le rapport encourage les pays à donner la priorité au financement des programmes de lutte contre le virus, y compris dans les pays à revenu faible ou intermédiaire qui ont les moyens de couvrir leurs propres charges dans ce domaine.