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Japon : l'AIEA appelle à une Conférence internationale sur la sûreté nucléaire

Japon : l'AIEA appelle à une Conférence internationale sur la sûreté nucléaire

Yukiya Amano
Estimant que la situation à la centrale nucléaire japonaise de Fukushima-Daiichi, où plusieurs réacteurs ont été endommagés par le séisme et le tsunami du 11 mars, « confronte la communauté internationale à un défi majeur », le Directeur de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, a proposé lundi, l'organisation d'une Conférence sur la sûreté nucléaire mondiale d'ici à l'été prochain.

« Il est extrêmement important que nous tirions les leçons de ce qui s'est passé après le séisme du 11 mars, afin de renforcer la sûreté nucléaire à travers le monde », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au siège de l'AIEA, à Vienne, proposant ensuite « l'organisation d'une conférence de haut niveau sur la sûreté nucléaire mondiale », qui pourrait se tenir « en juin » et en présence « de ministres des 151 États membres de l'organisation ».

Selon Yukiya Amano, ce rendez-vous international serait l'occasion de réfléchir aux moyens de « renforcer la sûreté nucléaire et la réponse en cas d'accident et d'urgence nucléaire ».

Devant la presse, le chef de l'AIEA a par ailleurs estimé que son agence était « la mieux placée » pour suivre les conséquences de l'accident de Fukushima, en raison de son « expertise technique », de « sa représentativité » et de « sa capacité à garantir la transparence ».

Evoquant ensuite sa visite au Japon la semaine dernière et la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA qui a suivi son retour au siège de l'agence, Yukiya Amano a indiqué que de nombreux pays s'étaient joints à l'appel lancé en faveur « de mesures robustes de suivi et de contrôle » des installations nucléaires dans le monde.

Revenant ensuite sur la situation sur place, le chef de l'AIEA a estimé qu'elle restait « très grave », précisant que son agence faisait « tout ce qui est en son pouvoir pour aider le Japon ». A l'heure actuelle, deux équipes de l'AIEA chargées de la surveillance des rayonnements sont sur le terrain, en plus d'une équipe conjointe de l'AIEA et de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour les questions de sûreté alimentaire.

Elles ont procédé à des prélèvements dans 35 localités autour de Fukushima et dans une vingtaine de lieux de Tokyo et ses environs, qui doivent maintenant être envoyés au laboratoire de l'AIEA à Seibersdorf, près de Vienne, pour être analysés.

« Il faudra un certain temps pour stabiliser les réacteurs », a prévenu Yukiya Amano. « Pour l'instant, la radioactivité dans l'environnement, les denrées alimentaires et l'eau, y compris la mer, est un sujet de préoccupation dans le voisinage immédiat de l'usine de Fukushima et au-delà », a-t-il ajouté, estimant que « les niveaux actuels montrent la nécessité d'une surveillance globale et plus large ».

S'il a mis ensuite en valeur le rétablissement de l'alimentation électrique dans les unités 1, 2 et 3 de la centrale, et la disponibilité d'eau douce sur le site pour poursuivre les opérations de refroidissements des réacteurs endommagés, le Directeur de l'AIEA a regretté le manque « d'informations plus rapides et plus complètes de la part des autorités japonaises ».

« Dans une crise de cette nature, il est indispensable de prévoir et de partager de l'information rapide et précise », a-t-il souligné devant la presse. « Ma visite à Tokyo et la présence de personnel de l'AIEA sur le terrain ont permis d'améliorer à la fois le flux d'informations et le niveau de compréhension mutuelle d'une variété de questions techniques », a-t-il conclu.

Selon la presse, l'opérateur de la centrale de Fukushima-Daiichi, Tokyo Electric Power (Tepco), a fait appel lundi à des spécialistes français du nucléaire, alors que de l'eau hautement radioactive s'échappait du réacteur n°2, que du plutonium avait été trouvé dans le sol de la centrale et qu'une radioactivité de plus de 1.000 milli-sieverts par heure était mesurée à la surface de l'eau dans des tunnels sortant du réacteur.