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Libye : une semaine après la résolution 1973, le Conseil de sécurité fait le point

Libye : une semaine après la résolution 1973, le Conseil de sécurité fait le point

Le Conseil de sécurité.
Sept jours après le vote de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité, instaurant notamment une zone d'exclusion aérienne au dessus du territoire libyen et appelant à un cessez-le-feu, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, présentait au Conseil de sécurité son premier rapport sur la mise en œuvre de cette résolution.

Devant les 15 membres, il a d'abord rappelé que « la résolution 1973 réaffirme la souveraineté libyenne, son intégrité territoriale et exclut explicitement toute occupation du territoire libyen ». Indiquant que cette question a dominé les entretiens qu'il a pu avoir lors de ses récents déplacements, la Secrétaire général a expliqué avoir à chaque fois « pris soin de souligner que les opérations entreprises étaient dictées par un objectif : sauver les vies de civils innocents ».

Après avoir clarifié une nouvelle fois les objectifs des opérations entreprises par des Etats membres dans le cadre de la résolution 1973, Ban Ki-moon est revenu sur les annonces répétées de cessez-le-feu faites par les autorités libyennes. « Nous ne voyons aucune preuve de cela », a-t-il indiqué, « au contraire, des batailles acharnées se poursuivent dans et autour d'Ajdabiya, Misratah et Zitan ». « En bref, il n'existe aucune preuve que les autorités libyennes ont pris des mesures pour s'acquitter de leurs obligations en vertu de la résolution », a-t-il encore ajouté.

Revenant sur les consultations entreprises par son Représentant spécial pour la Libye, Abdul Ilah Khatib, Ban Ki-moon a expliqué que celui-ci avait rencontré le ministre libyen des affaires étrangères à Tripoli le 13 mars et lui avait rappelé « de manière claire et sans équivoque la position de la communauté internationale : les attaques contre les civils doivent cesser, ceux qui sont responsables de crimes contre les civils doivent rendre des comptes, un accès humanitaire sécurisé doit être assuré, les résolution 1970 et 1973 doivent être appliquées ».

M. Khatib a eu également des entretiens le 21 mars avec des dirigeants de l'opposition libyenne, dont le Président du Conseil national de transition (CNT). « Ils ont une nouvelle fois exprimé leurs appels au cessez-le-feu et à la levée du siège imposé par les forces gouvernementales. Ils se sont aussi dit profondément préoccupés par les souffrances imposées au peuple libyen ».

Pour clore le volet diplomatique de ce dossier, Ban Ki-moon a indiqué qu'Abdel Ilah Khatib participerait vendredi à la réunion de l'Union africaine (UA) convoquée à Addis Abeba et à laquelle participeront des représentants du régime libyen et de l'opposition.

S'agissant de la situation humanitaire, le Secrétaire général a rappelé que 335.658 personnes avaient fui la Libye depuis le début de l'insurrection en février, que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale des migrations (OIM) avaient pris en charge le rapatriement de 60.000 expatriés bloqués en Tunisie ou en Egypte après avoir quitté la Libye, et que 9.000 étrangers désireux de quitter le pays y étaient encore bloqués.

« L'ONU et les autorités libyennes continuent d'avoir un avis divergent sur l'analyse de la situation humanitaire, notamment son ampleur », a-t-il expliqué, avant de regretter qu'« aucun accord n'ait été trouvé sur la manière dont une mission d'évaluation de l'ONU pourrait être mise en place ».

« La visite de mon Envoyé spécial a été trop courte pour évaluer la situation des droits de l'homme », a encore ajouté le Secrétaire général, qui a toutefois estimé que « des signes inquiétants » avaient été identifiés, dont « des menaces et des incitations à la haine contre l'opposition armée ».

« Les menaces du Colonel Kadhafi sont diffusées en boucle sur la télévision nationale et les journalistes continuent d'être arrêtés », a-t-il encore expliqué, avant de citer les témoignages de correspondants étrangers faisant état d'une « population terrifiée », « de contrôles étroits des forces de sécurité » et « d'arrestations et de disparitions » d'opposants.

Ban Ki-moon a conclu son exposé en indiquant que les autorités libyennes avaient accepté de coopérer aux travaux d'une commission d'enquête internationale mise en place par le Conseil des droits de l'homme, pour examiner d'éventuelles violations du droit international et des droits de l'homme en Libye.

Il a par ailleurs indiqué que « le Royaume-Uni, la France, les États-Unis, le Danemark, l'Espagne, le Canada, l'Italie, le Qatar, la Belgique, la Norvège et les Émirats arabes unis » lui avaient envoyé « des lettres notifiant leur participation à la mise en œuvre de la résolution 1973, en conformité avec ses dispositions ».

« Nous avons également reçu une notification de l'OTAN, indiquant sa décision de commencer une opération en soutien à l'embargo sur les armes imposé à la Libye en vertu des résolutions 1970 et 1973 », a-t-il ajouté.