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Violations des droits de l'homme : le droit à la vérité est crucial, selon l'ONU

Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Violations des droits de l'homme : le droit à la vérité est crucial, selon l'ONU

A l'occasion de la Journée internationale pour le droit des victimes de violations flagrantes des droits de l'homme à la vérité, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, ont souligné jeudi le caractère fondamental pour les individus et les peuples de connaître la vérité.

« Toutes les victimes de violations flagrantes des droits de l'homme et leur famille ont le droit de connaître la vérité sur les circonstances de ces violations, les raisons pour lesquelles elles ont été commises et l'identité de leurs auteurs », a déclaré Ban Ki-moon dans un message à l'occasion de cette Journée.

« Le droit à la vérité est désormais expressément reconnu dans la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, qui est entrée en vigueur en décembre 2010. Il est également reconnu dans plusieurs autres instruments internationaux, de même que dans des législations nationales, dans la jurisprudence et dans les résolutions d'organes intergouvernementaux », a-t-il ajouté.

Il y a 31 ans, jour pour jour, Mgr Oscar Arnulfo Romero, ardent défenseur et militant des droits de l'homme au Salvador, était assassiné dans l'église où il célébrait l'office. L'intention des auteurs de cet assassinat était claire : faire taire un farouche opposant à la répression.

« Aujourd'hui, en cette première Journée internationale pour le droit à la vérité en ce qui concerne les violations flagrantes des droits de l'homme et pour la dignité des victimes, nous saluons le travail de Mgr Romero et de tous ceux qui, à travers le monde, défendent les droits de l'homme », a souligné le Chef de l'ONU.

« La vérité permet aux victimes et à leurs proches de trouver résolution, de recouvrer leur dignité et d'obtenir ne serait-ce que quelque réparation pour les pertes subies. Faire la lumière sur des violations permet également aux sociétés de contribuer à faire en sorte que celles-ci ne restent pas impunies », a-t-il ajouté.

Le 21 décembre 2010, l'Assemblée générale de l'ONU a proclamé le 24 mars Journée internationale pour le droit à la vérité en ce qui concerne les violations flagrantes des droits de l'homme et pour la dignité des victimes.

« Alors que nous célébrons pour la première fois cette journée internationale, saluons le rôle incontournable que joue la vérité dans la défense des droits de l'homme et engageons-nous à défendre le droit à la vérité dans l'accomplissement de notre mission universelle en faveur des droits de l'homme », a conclu Ban Ki-moon.

Dans une étude menée en 2006, le Bureau de la Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a conclu que le droit à la vérité sur les violations flagrantes et sérieuses des droits de l'homme est un droit inaliénable et autonome, lié au devoir et à l'obligation de l'État de protéger et de garantir les droits de l'homme, de mener des enquêtes efficaces et de garantir un recours efficace et des réparations.

L'étude affirme que le droit à la vérité suppose de connaître la vérité pleine et entière sur les événements, leurs circonstances particulières et qui y a participé ainsi que la connaissance des circonstances dans lesquelles les violations ont eu lieu, ainsi que les raisons qui les ont motivées.

La Haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, a souligné que « les victimes de violations graves de droits de l'homme et leurs familles ont un droit inaliénable de connaître la vérité sur les événements passés concernant les crimes odieux commis contre elles ».

« Quarante-deux milles six cents trente-trois. C'est le nombre de cas de personnes disparues qui restent inexpliqués depuis les 31 dernières années et examinés par le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires de personnes. Les chiffres montrent aussi que de nouveaux cas émergent régulièrement partout dans le monde. Derrière chacun de ces cas, il y a de nombreux proches déchirés par le sort de leur disparu, partagés entre espoir et désespoir, attendant des nouvelles, quelles qu'elles soient », a-t-elle ajouté.

Pour la Haut commissaire, « la connaissance par un peuple de l'histoire de son oppression est une composante fondamentale de son héritage ».

« La connaissance de la vérité permet aux victimes et à leurs proches de parvenir à un sentiment d'aboutissement, une sorte de rétablissement de leur dignité et de reconnaissance de leur douleur. La vérité est un outil pour lutter contre l'impunité. C'est un outil pour la justice. Et c'est une étape capitale pour prévenir la répétition des circonstances qui ont conduit à de telles violations », a-t-elle indiqué.

« Aujourd'hui, j'exhorte tous les Etats à adopter les mesures appropriées pour rendre effectif le droit à la vérité, à la justice et à une juste réparation des victimes. Ces trois droits fondamentaux se trouvent au cœur de la lutte contre l'impunité et le rétablissement de la dignité des victimes. Que cette journée internationale soit une commémoration du droit à la vérité. Que cette journée soit également un rappel du besoin de protéger ceux qui ont dédié leur existence à faire éclater cette vérité », a-t-elle conclu.